padre Giovanni Battista Martini

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Théoricien, musicologue et compositeur italien (Bologne 1706 – id. 1784).

Après avoir commencé à étudier avec son père, Antonio Maria, violoniste et violoncelliste, il poursuivit sa formation musicale avec A. Predieri et G. A. Ricieri, puis parfit ses connaissances avec F. A. Pistocchi (chant) et avec G. A. Perti (composition). Il entra chez les Franciscains en 1721, prononça ses vœux l'année suivante et devint officieusement en 1725, et officiellement deux ans plus tard, maître de chapelle de Saint-François de Bologne. Il fut enfin ordonné prêtre en 1729. Il devait rester en ce couvent de Bologne jusqu'à la fin de sa vie (refusant même le poste de maître de chapelle à Saint-Pierre de Rome) et s'y consacra à la musique et à la recherche musicologique.

Homme remarquablement cultivé et ouvert, il jouit très tôt d'une renommée internationale et attira, par ses qualités intellectuelles et humaines, les plus grandes figures artistiques de son époque, comme en témoigne son abondante correspondance (Frédéric le Grand, Burney, Gluck, Marpurg, Métastase, Quantz, Rameau, Tartini). Pédagogue recherché, il compta parmi ses élèves F. Bertoni, S. Mattei, G. Sarti, ainsi que de nombreux autres musiciens (J. Chr. Bach, N. Jommelli, W. A. Mozart).

Son enseignement et ses compositions reposaient sur une connaissance profonde de la polyphonie et du contrepoint, qu'il développa dans de nombreux canons (canons-énigmes surtout). Il écrivit beaucoup de musique sacrée (messes, litanies, oratorios), mais également de la musique profane vocale (intermezzos, arias) et instrumentale (sonates et pièces pour clavecin ou orgue, concertos divers, sinfonias). Malgré quelques concessions faites à l'art de son temps (en particulier au style concertant et au style galant), il reste plutôt attaché au passé, faisant parfois usage du stile antico et de l'écriture a cappella.

Son œuvre musicologique est particulièrement remarquable par la richesse et la diversité des imprimés et manuscrits qu'il collecta. Burney estima l'importance de sa bibliothèque à 17 000 volumes, dont une partie (ainsi que sa correspondance) a été conservée au Museo bibliografico musicale de Bologne. Il envisageait d'écrire une Storia della musica, mais n'en publia que 3 volumes (1761, 1770, 1781), qui ne dépassent pas la musique antique. Il faut également citer son Esemplare ossia saggio fondamentale pratico di contrappunto sopra il canto fermo (1774), où il réunit, dans un but pédagogique, de nombreuses pièces des plus grands maîtres de la Renaissance et de l'époque baroque. Il est incontestablement l'un des grands musiciens du xviiie siècle, comme l'atteste la vénération dont l'entouraient ses contemporains, et a été à l'origine par sa conception plus systématique de la recherche musicale, d'un tournant décisif dans l'histoire de la musicologie.