Germaine Lubin

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Soprano française (Paris 1890 – id. 1979).

Plus que le Conservatoire, abordé à dix-huit ans, importent ses rencontres décisives avec F. Litvinne et Lilli Lehmann. Elle débute en 1912 à l'Opéra-Comique en chantant Antonia des Contes d'Hoffmann. Et, en 1916, à l'Opéra, dans le Chant de la cloche de V. d'Indy. Wagnérienne passionnée, elle est successivement Sieglinde dans la Walkyrie, en 1921 ; Elsa dans Lohengrin ; Eva dans les Maîtres chanteurs. Elle chante Ariane à Naxos sous la direction de R. Strauss à Vienne même, rôle qu'elle crée en France, ainsi que celui de la Maréchale du Chevalier à la rose (1927) et qu'Elektra (1932). Elle aborde en 1930, à l'Opéra de Paris, son rôle préféré, Isolde, qu'elle a l'honneur de chanter à Bayreuth même, en 1939, après y avoir été, l'année précédente, Kundry dans Parsifal. Elle chante encore Tristan en 1941 à l'Opéra de Paris, aux côtés de M. Lorenz et sous la direction du jeune Karajan, mais voit sa carrière brisée en 1944, à la Libération. Elle tente un retour en 1952, dans un répertoire de lieder qu'elle affectionne, avant de se retirer définitivement en 1956 pour se consacrer à l'enseignement. Grande cantatrice wagnérienne, elle fut aussi inégalable dans le répertoire français : l'Alceste de Gluck et l'Ariane (et Barbe Bleue) de Dukas comptent parmi ses plus grands rôles. Elle participe à la création de la Légende de saint Christophe de V. d'Indy, de la Chartreuse de Parme de Sauguet et du Maximilien de Milhaud. Tragédienne accomplie, elle animait chaque ouvrage autant par la vertu de sa beauté sculpturale que par une voix exceptionnellement ample et héroïque.