Johannes Ciconia

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur liégeois (Liège v. 1335 – Padoue 1411).

Fils d'un pelletier, il reçut sa formation musicale à la cour des papes, à Avignon. Il y fut au service d'Aliénor de Comminges, vicomtesse de Turenne, nièce de Clément VI. De 1357 à 1367, il fit partie de la maison du cardinal Gilles d'Albornoz, chargé de reconquérir les États pontificaux d'Italie : ce fut l'occasion pour lui d'un contact étroit avec l'Ars nova italienne et l'art de Jacopo da Bologna et de Francesco Landini, à l'instar desquels il écrivit madrigaux, caccie et ballades. À la mort du cardinal, il regagna Liège où il devint titulaire d'une prébende à la collégiale Saint-Jean-l'Évangéliste. Il composa alors, semble-t-il, messes et motets, y effectuant la synthèse de l'Ars nova française, italienne et des usages avignonnais. Mais il adopta une notation simplifiée de l'écriture proportionnelle (→ NOTATION) et unifia le Gloria et le Credo par un ténor commun, un motif initial et une construction isorythmique. On y trouve aussi l'emploi du faux-bourdon dont S. Clercx-Lejeune avance l'origine italienne et même l'appellation.

Après 1404 ( ?), Ciconia quitta Liège pour Padoue. Chanoine à la cathédrale de cette ville, il portait le titre de musicus ou de magister et avait pour mission d'enseigner la musique et de composer. Ce séjour favorisa une réflexion théorique sur la musique antique et médiévale, réflexion contenue dans trois traités : De arithmetica institutione (perdu ?), Nova musica, De proportionibus, outre l'esquisse d'un De tribus generibus melorum (« les trois genres mélodiques »). La musique y est comprise comme le reflet des nombres divins et le moyen de connaissance de l'Organisation. Toutefois, la musique spéculative prend chez lui appui sur l'ouïe.