Boëly

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Famille de musiciens français.

Jean-François (Saint-Léger-de-Crossy, Aisne, 1739 – Chaillot 1814). Il fut haute-contre à la Sainte-Chapelle, à Paris, compositeur (il est l'auteur d'un motet Beatus vir) et professeur de harpe à la cour de Versailles. Il a, en outre, écrit un Traité d'harmonie, d'après Rameau, resté inédit (1808).

Alexandre Pierre François, organiste et compositeur, fils du précédent (Versailles 1785 – Paris 1858). Élève de l'Autrichien Ladurner, qui l'initia à la musique de Bach, de Haydn et de Beethoven, alors inconnus en France, il fut nommé, en 1840, organiste à Saint-Germain-l'Auxerrois et y demeura jusqu'en 1851, date à laquelle on le congédia en raison de l'« austérité » de la musique qu'il y jouait : Bach, Frescobaldi, Couperin, Walther, Kirnberger, les maîtres français ; à cette époque, c'était plutôt les transcriptions d'opéras-comiques qui faisaient fureur. Pour exécuter les œuvres de Bach, réputées injouables, il fit installer à son orgue un pédalier à l'allemande, dont l'usage ne se généralisa, dans la facture française, que durant la seconde moitié du siècle. Ses rares auditeurs ­ Gigout, Franck, et surtout Saint-Saëns ­ furent émerveillés d'entendre ces œuvres ressuscitées, ainsi que le contrepoint sévère par lequel il traitait les thèmes du plain-chant, que l'on commençait à redécouvrir. Il finit ses jours comme humble professeur de piano. Il laisse une œuvre abondante : musique de chambre, nombreuses pages pour le piano (caprices, suites, études), œuvres souvent concises, très soigneusement composées et d'une réelle couleur romantique, où il se montre l'héritier de Scarlatti, de Cramer, de Haydn et de Beethoven. Pour l'orgue, il a écrit douze Cahiers de pièces de différents caractères et quatre Livres pour orgue à pédales ou piano à trois mains, en plus de publications d'œuvres anciennes et de transcriptions diverses. Il y renoue avec le style des maîtres français classiques (versets, duos, dialogues, tierces en taille) et s'inspire des Allemands (fantaisies et fugues, chorals ornés). Inconnu du grand public, il n'en a pas moins joué un rôle déterminant dans la renaissance de la musique française au xixe siècle. En 1902, Saint-Saëns reconnut la dette des musiciens français envers lui, en publiant une collection de ses œuvres.