Psaumes

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Le livre biblique des Psaumes, qui semble avoir été constitué avant la fin du iie ou du iiie s. av. J.-C., est un recueil de 150 poèmes répartis en cinq livres, selon le schéma du Pentateuque. Les traductions modernes de la Bible adoptent ordinairement la numérotation des psaumes de la Bible hébraïque et indiquent entre parenthèses celle des versions. Dans la Bible hébraïque, 115 psaumes sont pourvus de titres qui fournissent certains renseignements dont la valeur est difficile à déterminer : 102 psaumes portent l'indication d'un nom de personne (David 73 fois, les fils de Coré, Asaph, etc.), qui probablement n'est pas celui de son auteur présumé, mais plutôt du recueil dont il fait partie. D'autres ont trait au genre littéraire du poème. Certaines se rapportent à l'utilisation liturgique. Tous ces renseignements ne peuvent être utilisés qu'avec beaucoup de circonspection. Pour approcher la richesse de ce livre unique, expression de la foi d'Israël, il paraît important de retrouver le « Sitz im Leben » des Psaumes, c'est-à-dire le milieu cultuel où ils ont pris naissance, le culte du Temple et de relever les divers « genres littéraires » entre lesquels on peut les classer : hymnes, supplications, élégie, action de grâces, méditations et instructions de sagesse, chants de pèlerinage et psaumes d'intronisation qui célèbrent le règne de Dieu. La nature de la poésie biblique, longuement débattue de Philon d'Alexandrie (De vita contemplativa) à J.-L. Kugel (The Idea of Biblical Poetry, 1981), en passant par Flavius Josèphe (Antiquités judaïques II), saint Jérôme (qui veut prouver que sa « métrique » n'est pas inférieure à celle de la poésie grecque ou latine), Édouard Dhorme (la Poésie biblique, 1931) et T. Collins (Line-forms in Hebrew Poetry, 1978), est aujourd'hui au cœur du débat sur la définition du « rythme » (H. Meschonnic, Critique du rythme, 1982). Les traductions des Psaumes en langues vulgaires (français et allemand) eurent une importance capitale dans l'affirmation des nouvelles langues littéraires (ainsi de la traduction de Luther, dès 1524). En France, Marot, aidé de l'hébraïsant Vatable, donna une traduction de Cinquante Psaumes de David (1541-1543) que Théodore de Bèze compléta (1563), et qui fut reprise par Conrart (1679), puis par Bénédict Pictet (1693). Les poètes catholiques donnèrent à leur tour des traductions (Baïf, 1578 ; Desportes, 1591) et la paraphrase des Psaumes devint, aux xviie et xviiie s., une des formes majeures du lyrisme religieux, de Bertaut et Malherbe à J.-B. Rousseau et Lefranc de Pompignan.