Guy Debord

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Essayiste français (Paris 1931 – Bellevue-la-Montagne 1994).

Il apparaît avant tout comme un homme de la dissidence et de la rupture. À 19 ans, il intègre le mouvement lettriste d'Isidore Isou, qu'il quitte à peine un an plus tard, à la sortie du film de ce dernier, Hurlements en faveur de Sade (1952). Après avoir fondé l'Internationale lettriste, il crée l'Internationale situationniste dont l'objectif consiste, suivant l'idée d'une mort de l'art (Hegel), à ancrer les situations quotidiennes dans une créativité sans borne. Cependant le situationnisme que postule Debord cherche, plus globalement, à poser les bases d'un système de pensée. La société du spectacle (1967), qui dénonce la marchandisation généralisée de la vie, dont le spectacle serait le garant en tant que principal mode d'aliénation des masses, en est le livre de référence. Le spectacle est cet écran de fumée qui coupe l'individu de la réalité, et seule l'action, nourrie par le savoir, peut en dissiper les leurres. Incapable de compromis, Debord voit l'Internationale situationniste se dissoudre dans ses divisions (1972). Il retrouve le cinéma en donnant des films qui reprennent déclarations et textes situationnistes. Il reviendra ensuite sur l'aventure situationniste d'un point de vue théorique ou personnel (Commentaires sur la société du spectacle, 1988 ; Cette mauvaise réputation, 1993). Panégyrique (1989), livre hétéroclite où se mêlent texte et images, renferme les instants d'une vie complexe et engagée. Se sachant malade, il se suicide en 1994.