Roxy Music

Groupe britannique de rock progressif formé au début des années 1970 à Londres par Bryan Ferry (chant), Brian Eno (synthétiseurs), remplacé en 1973 par Eddie Jobson (claviers, violon), Andy McKay (saxophone), Phil Manzanera (guitare) et Paul Thompson (batterie).

Bryan Ferry, qui a quitté son Newcastle d'origine pour enseigner les arts plastiques à Londres, écrit des chansons pendant son temps libre, lorsqu'il décide, fin 1970, de monter un groupe pour les interpréter. Un goût inné pour la création et les êtres d'exception l'empêcheront de se contenter de simples accompagnateurs. Roxy Music — un nom choisi en référence aux somptueuses salles de spectacles d'autrefois — se compose donc de fortes personnalités venues d'horizons divers : Eno est un musicien instinctif, disciple de John Cage ou La Monte Young, McKay un saxophoniste accompli, et Manzanera, un guitariste vénézuélien imprégné de rock and roll et de jazz.

L'alchimie de Roxy. Un look de teddy boys futuristes et des pochettes ornées de plantureuses pin-up valent à Roxy de séduire sur-le-champ le public glam (paillettes) qui découvre le groupe en première partie de David Bowie. Mais c'est à l'extraordinaire étendue de son registre musical, kaléidoscope étourdissant de sons très élaborés, que la formation du prince des dandys s'impose aux amateurs de rock, toutes tendances confondues.

Dès son premier single, en 1972, Virginia Plain, l'alchimie de Roxy est en place : tandis qu'un obsédant synthétiseur hurle comme une sirène et que la guitare de Manzanera entraîne la section rythmique dans un boogie intersidéral, Ferry croone tel un Presley dégénéré. En deux albums (Roxy Music, 1972, et For Your Pleasure, 1973), Roxy Music démontre qu'il est possible de marier l'expérimentation du rock progressif au fun des années 1950, à l'urgence de la pop des années 1960 et à la folie d'une décennie 1970 décadente. Malheureusement, l'esthète et despote Ferry s'accommode mal de la bête de scène charismatique Eno, qui menace régulièrement de lui voler la vedette. En juillet 1973, Eno s'en va poursuivre une carrière solo. Eddie Jobson, virtuose des claviers et du violon, le remplace et Roxy se recentre autour de la personnalité de Ferry. Si la musique du groupe perd quelque peu de son audace, elle préserve sans mal son immense classe.

Brian Ferry et Roxy Music. En 1976, alors que Roxy Music vient de faire sa première incursion notable sur le marché américain avec Love Is The Drug, titre annonciateur de la vague disco qui s'apprête à envahir l'univers du rock, le leader égocentrique qui assouvit enfin ses illusions de grandeur décide de faire cavalier seul. Il se consacre pleinement à la carrière solo qu'il avait entamée, au même titre que McKay et Manzanera, en marge des activités du groupe. Il lui faudra essuyer les défaveurs du public pour que, fin 1978, il consente à sonner le rappel des troupes. Au printemps 1979, Manifesto marque la renaissance de Roxy Music, un des rares groupes à inspirer le respect aux enfants du punk et de la new wave.

Pourtant, le Roxy nouvelle formule n'a plus grand-chose à voir avec la formation iconoclaste des débuts. Avec ses ballades langoureuses aux tempos moites ou ses délicates rengaines disco aux suaves arrangements, la musique de Ferry et consorts s'apparente désormais à une soul blanche FM.

Le succès de Roxy ainsi redéfini est pourtant énorme, s'étendant enfin jusqu'à l'autre côté de l'Atlantique. En 1981, Avalon, le dernier album du groupe, affine jusqu'à la perfection cette musique d'ambiance introspective que le séduisant Bryan Ferry perpétue, depuis, en solitaire.