Tristana

Tristana

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Comédie dramatique de Luis Buñuel, avec Catherine Deneuve (Tristana), Fernando Rey (Don Lope), Franco Nero (Horacio), Lola Gaos (Saturna).

  • Scénario : Luis Buñuel, Julio Alejandro, d'après le roman de Benito Perez Galdos
  • Photographie : José F. Aguayo
  • Décor : Enrique Alarcón
  • Musique : Chopin
  • Pays : Espagne et France
  • Date de sortie : 1970
  • Son : couleurs
  • Durée : 1 h 40

Résumé

En 1923, Tristana, une orpheline, est recueillie par Don Lope, un notable de Tolède. Il lui enseigne la libre pensée et ils deviennent amants. Tristana qui s'ennuie rencontre un jeune peintre séduisant avec lequel elle s'enfuit. Des années plus tard, Don Lope la recueille avec joie, amputée d'une jambe. Ils se marient. Tristana se dessèche lentement. Une nuit, Don Lope se sent mal. Elle le laisse mourir.

Commentaire

Cette présentation en profondeur de la mesquine vie provinciale, dont les couleurs passées du film, ocres et violacées, disent assez le morne ennui chuchoté, permet d'intégrer, sans rupture de ton ou de rythme, un monde parallèle, qui est celui de la pulsion. Chez Luis Buñuel, cette pulsion s'inscrit dans la logique sociale qui la transforme au contact de ses refoulements et de ses interdits avant de la renvoyer à son origine sexuelle, déformée ou exacerbée. La liberté sexuelle que le bourgeois libre penseur Don Lope propose à Tristana n'est que sa liberté à lui, enchaînant à ses désirs et à sa vieillesse un être démuni et docile. La situation se retourne paradoxalement lorsque Tristana se retrouve à sa merci mais aussi à sa charge. Don Lope consent par égoïsme (et non sans perversité) à devenir l'esclave de son esclave.