éducation et dressage du chien

Jean-Baptiste Greuze, Une jeune enfant qui joue avec un chien
Jean-Baptiste Greuze, Une jeune enfant qui joue avec un chien

L’éducation canine repose sur l’apprentissage des règles de vie dans la maisonnée et au sein de la société humaine. Elle a pour but que le chien soit « bien élevé » et se comporte de la façon attendue pour un animal domestique.

Le dressage, destiné à former les chiens d’utilité, lui inculque des comportements ou des réactions stéréotypés pour en faire un auxiliaire efficace de l’homme dans diverses situations.

1. L’éducation

1. 1. Utiliser les bons codes

Les chiens ne pensent pas comme les humains : ils obéissent aux codes de communication et d’appréhension du monde de leur espèce. S’ils ne reçoivent pas une éducation appropriée, ils ne manqueront pas de développer des comportements en inadéquation avec ceux que leurs maîtres attendent d’un animal de compagnie. Mais si elle est mise en œuvre pour inculquer des règles au chien, une éducation appropriée doit aussi lui fournir un environnement sécurisant (évitant ainsi des réactions intempestives, pouvant aller jusqu’à l’agressivité, liées à l’anxiété). Elle implique que ses maîtres, et de façon générale tous les humains de son entourage, le respecte dans son intégrité et ses peurs.

Les centres d’éducation canine et les professionnels indépendants peuvent fournir conseils et/ou aide pour élever les chiens. Éducateurs et vétérinaires comportementalistes peuvent quant à eux être consultés en cas de mauvaises habitudes installées. Ils interviennent aussi si le chien a développé des troubles du comportement (découlant par exemple d’un traumatisme).

1. 2. Quelques principes éducatifs de base

1. 2. 1. Cohérence

Le chien descend du loup, qui vit en meutes hiérarchisées : c’est un animal social, qui a besoin d’une place établie sans équivoque dans le groupe qu’il forme avec son ou ses maîtres. Ses « droits et devoirs » doivent donc être clairs, et jamais contradictoires. Par exemple, un chiot, sous prétexte qu’il est petit, ne doit pas être autorisé à aller dans certaines pièces qui lui seront interdites dès qu’il aura grandi.

1. 2. 2. Sécurisation

Un chien qui ne se sent pas menacé – ou simplement importuné – n’a pas besoin de se défendre ou de défendre son territoire ou sa nourriture.

Ainsi, idéalement, le chien doit pouvoir bénéficier d’une zone à lui (généralement le coin où se trouve son panier) où il puisse se réfugier ou dormir au calme, un territoire dans lequel personne ne peut le déranger.

Pour ne pas qu’il soit tenté de protéger sa nourriture (même si certains chiens montrent moins d’anxiété que d’autres sur cette question), le chien doit pouvoir prendre ses repas seul et au calme. Contrairement à une idée répandue, il ne faut surtout pas lui retirer sa gamelle ou mettre les mains dedans pour « lui montrer qui est le chef ».

Pour éviter qu’il ait peur de la solitude et réagisse à cette situation en « hurlant à la mort » ou en commettant des dégradations dans la maison, le chiot doit apprendre à rester seul. C’est au maître de résister à l’envie de le cajoler en permanence et de ne pas répondre à toutes ses sollicitations. Le fait de le laisser seul quelques minutes dans une pièce ou de parfois l’ignorer lui apprend à se sentir en sécurité même si personne ne s’occupe de lui.

1. 2. 3. Hiérarchisation

Le chien qui n’est pas encadré par des règles fermes et cohérentes prendra, selon ses codes, la place de chef de la meute. Il deviendra alors impossible de s’en faire obéir. Il est par exemple déconseillé de le laisser s’installer sur le canapé ou le lit : dès que l’on voudra l’en déloger pour s’y installer, il ne pourra le comprendre que comme une atteinte à ses privilèges (donc une provocation, voire une agression). Certaines pièces doivent également lui être interdites. En laisse, il ne doit pas mener la marche, mais rester derrière son maître.

1. 2. 4. Fermeté et encouragements

Des félicitations (caresses, encouragements) et une récompense (jouet, friandise) reçues quand le chien a réalisé ce qu’on attend de lui renforcera ce comportement. La réprimande en cas de bêtise est en revanche à utiliser avec modération – un « non » prononcé d’une voix ferme est préférable –, et en tout cas jamais si le chien n’est pas pris sur le fait car, a posteriori, il ne comprendra pas ce qui lui vaut le mécontentement de son maître. Surpris à faire ses besoins dans la maison, il doit aussitôt être conduit dehors, et félicité s’il y fait ses besoins. Pour cette raison, un chiot doit être sorti le plus souvent possible : il associera ainsi rapidement les félicitations et le fait de faire ses besoins dehors, et deviendra plus vite propre. Mais s’il fait par accident ses besoins à l’intérieur, l’ignorer sera plus efficace que le gronder.

Selon le même principe de félicitations/récompense en cas de réussite, on peut apprendre au chien à obéir à quelques ordres simples (« au pied », « assis », « couché », « debout »…), à répondre à son nom et à revenir quand on l’appelle.

Dans tous les cas, toute brutalité, voire violence, envers le chien (dans la voix ou les gestes) est à proscrire. Elle génère de l’anxiété et, potentiellement, de l’agressivité.

1. 2. 5. Respect du chien et des codes canins

Il ne faut pas attendre d’un chien qu’il ait des réactions humaines ou comprenne nos codes. C’est aux humains à connaître les codes des chiens et à adapter leurs demandes et comportements. Ainsi, il ne faut pas laisser de la nourriture « abandonnée » à sa portée (un poulet rôti sur la table, par exemple) : selon ses codes, toute nourriture délaissée par le chef de meute peut être consommée. Il est alors inutile (et injuste) de le punir : il n’a pas volé, il a simplement pris la nourriture à laquelle il pensait avoir droit.

De même, le chien ne sait pas résister à la tentation de la nourriture. Pour éviter qu’il en mendie ou saute pour en prendre un morceau, il vaut mieux que la cuisine lui soit interdite, ou que les repas (les siens et ceux de la famille) soit préparés et pris hors de sa présence.

Un chien peut également être amené à mal interpréter diverses attitudes humaines, et à ressentir le besoin de se défendre en mordant (→ chien). C’est pourquoi tous les membres de la famille – surtout les enfants – doivent être sensibilisés au fait qu’il ne faut pas déranger un chien qui mange ou qui dort, ne pas arriver vers lui en courant, ne pas lui prendre ses jouets quand il les a en gueule, ne pas le « martyriser » sous prétexte qu’il est « gentil » et patient, etc. Une éducation des maîtres qui diminue de façon considérable les risques de morsures…

1. 2. 6. Socialisation

En tant qu’animal social, le chien a besoin de contacts – avec des humains et si possible avec d’autres chiens – pour se développer de façon harmonieuse. Laissé seul toute la journée, attaché dans le jardin ou enfermé dans une pièce, un chien développe des comportements anxieux et agressifs.

2. Le dressage

2. 1. Principe

Dresser un chien, c’est lui apprendre à exécuter des ordres ou à effectuer certains actes dans certaines circonstances. Les séances sont courtes mais répétitives, et fondées sur le conditionnement et le renforcement positif : le chien associe la bonne réalisation d’un acte à des félicitations chaleureuses et une récompense (balle pour jouer, boudin à mordre, friandise dans certains cas… ainsi que caresses du maître ou de l’éducateur). Peu à peu, la difficulté des exercices est augmentée, jusqu’à ce que le chien soit opérationnel. En cas de non réussite, la simple absence de récompense est préférée à la réprimande. Dans tous les cas, la brutalité est à proscrire.

Les séances d’entraînement doivent relever du jeu, et ne jamais se conclure sur un échec : c’est la recherche de la récompense qui motive le chien à faire ce qu’on attend de lui – pas le sens du devoir ni l’instinct. Une bonne éducation de base est une condition sine qua non au démarrage d’un dressage.

Certains particuliers choisissent de dresser eux-mêmes leur chien d’utilité (chien de chasse, de garde). Mais de façon générale, il est conseillé de toujours faire appel à un professionnel, car des erreurs de dressage peuvent entraîner des problèmes d’agressivité chez le chien, avec les risques de morsures associés. Il est en général possible aux maîtres de participer aux séances de dressage et, ainsi, de dresser leur chien en compagnie de l’éducateur.

Le cas du dressage dit « au mordant » (le chien mord sur ordre, le plus fort possible, et ne lâche prise que sur ordre) est à part : interdit aux particuliers, il ne peut être pratiqué (article L. 211-8 du Code rural) que par des associations agréées et dans certains cas précis (« sélection des chiens de race dans le cadre d’épreuves de travail » et « dressage et entraînement des chiens utilisés dans les activités de gardiennage, surveillance ou transport de fonds »).

2. 2. Le dressage professionnel des chiens d’utilité

Le dressage est un vrai programme de formation, qui a pour but d’aboutir au renforcement d’un ensemble d’aptitudes et à la réalisation de divers comportements, dessinant un vrai « métier » (→ chiens d’utilité).

La formation, qui commence souvent dans la première année du chien, peut durer de quelques semaines ou mois (chiens de chasse, de berger) jusqu’à 18 à 24 mois (chiens sauveteurs, chiens guides d’aveugle, chiens d’assistance pour handicapés moteurs…), ou même plus (entraînements supplémentaires pour les chiens sauveteurs par exemple). Elle peut être suivie dans des clubs ou des centres d’éducation canins (chiens de chasse, de garde, chiens truffiers…) ou dans des écoles spécialisées (chiens guides d’aveugle). Les chiens utilisés par la police et l’armée sont dressés au sein de ces institutions, par les maîtres-chiens avec lesquels ils feront équipe toute leur carrière. Dans le cas des chiens de sauvetage, c’est une équipe homme-chien préexistante qui est sélectionnée pour une formation commune.