volumen

Volumen, subtantif latin dérivé du verbe volvere, « rouler, dérouler », désignait la forme principale qu'a connue le livre dans l'Antiquité classique.

Les inventeurs de cette forme sont les Égyptiens, qui avaient à leur disposition le papyrus : les premiers rouleaux connus datent du iiie millénaire avant notre ère : la fabrication du papyrus était le monopole des pharaons. Le rouleau est adopté par les Grecs au plus tard vers le vie s. av. J.–C. (signe d'une intensification des rapports entre les mondes grec et égyptien), puis se diffuse sur tous les bords de la Méditerranée. L'Égypte a fourni en papyrus le monde méditerranéen jusqu'au viie s. de notre ère : la matière première était livrée non en feuilles mais en rouleaux vierges, présentant donc un long ruban de plusieurs mètres constitué par vingt feuilles (cas moyen) collées bout à bout grâce à l'eau du Nil.

La forme du rouleau donne au livre un caractère cylindrique, qui contraste avec la forme parallélépipédique qui caractérise aussi bien les tablettes (de quelque matière que ce soit) que le codex. Il faut, pour lire un volumen, le tenir horizontalement à deux mains, l'une déroulant, l'autre enroulant : le lecteur a sous les yeux des colonnes verticales qui se succèdent à mesure que défile le ruban. La forme du volumen s'était à ce point imposée, que d'autres matières ont pu être substituées dans les pays qui n'en produisaient pas ou n'en disposaient pas : ainsi les rouleaux de Qoumrân sont en cuir. On a employé aussi le parchemin (terme qui vient de pergamena et signifie « de Pergame ») : la légende rapporte que les Ptolémées, mécontents de la concurrence que leur faisaient les rois de Pergame, avaient interdit d'exporter à Pergame le papyrus. Les Pergaméniens auraient alors inventé le parchemin : en effet, cuir et parchemin sont les résultats de deux traitements différents de la peau animale (mouton, chèvre, veau, âne) et il est certain que la préparation du cuir est plus ancienne. Le rouleau de papyrus n'est écrit que d'un côté, sur la face noble, interne. Le rouleau de cuir, lui aussi, n'est écrit que d'un côté, le côté chair. Le parchemin, grâce au traitement suivi, peut s'écrire aussi bien côté poil que côté chair.

Le volumen est l'unique forme du livre connue par la Grèce classique et hellénistique, ainsi que par la Rome classique. Les exemples les plus récents de volumen remontent au ve s. de notre ère, mais à cette époque la nouvelle forme du livre, le codex, l'avait emporté.

Le volumen n'a pas une forme aisément maniable, son utilisation l'use, il est fragile. On estime à trois siècles la durée maximum d'un volumen. La tradition des bibliothèques ne nous a conservé aucun volumen antique. Tous les exemples que nous avons de cette forme de livre nous ont été légués par la voie archéologique et proviennent d'Égypte (en quasi-totalité) et quelques uns de Syrie.

Enfin le contenu d'un volumen n'est pas long : c'est celui d'un livre. La République de Platon est une œuvre en dix livres : cela signifie qu'elle tenait sur dix rouleaux. Lorsque le contenu des volumina est passé sur un codex, la division par livres est restée. Même les auteurs qui n'avaient jamais connu ou qui n'ont pas composé sur volumen l'ont gardée : voir par exemple les Morales sur Job de Grégoire le Grand en 35 livres contenus dans 5 codices. Les livres n'ont ici jamais été recopiés à partir de volumina, mais composés dans la forme codex, conservant l'élément livre comme division de l'ouvrage.

Le Moyen Âge a aussi connu le rouleau, qui n'est plus le volumen mais le rotulus : il s'agit d'un long ruban de parchemin, mais écrit – et cette différence est fondamentale – non pas selon des colonnes perpendiculaires au ruban, mais dans le sens du ruban, sans colonne. Usage liturgique (rouleaux de l'exultet, rouleaux des morts) ou même littéraire.