lande

(gaulois *landa, terre libre)

Association végétale sans arbres couvrant un vaste terrain où croissent surtout des arbrisseaux ou des sous-arbrisseaux ordinairement à feuilles ayant l'aspect de la bruyère, une strate herbacée à fougère et à graminées (molinie) et une strate muscinale (mousses et lichens), le plus souvent sous climat humide et sur sol siliceux.

Association végétale de la zone tempérée, la lande est sans doute l'association climacique des régions les plus occidentales de l'Europe, à climat océanique caractérisé (Irlande, Écosse, nord-ouest de la péninsule Ibérique et Scandinavie). En dehors de l'Irlande et de l'Écosse, elle est considérée comme une forme de dégradation de la forêt tempérée (Massif central français, Massif armoricain, landes de Lüneburg en Allemagne) : elle représente alors un paraclimax.

La lande est couverte de diverses plantes dont les feuilles sont épaisses et de surface réduite, poussant en buissons, séparées par un tapis herbacé plus ou moins fourni : Erica tetralix, E. scoparia, ou grande bruyère (jusqu'à 3 m de haut), E. cinerea, ou bruyère cendrée, Calluna vulgaris, ou callune, genêts, ajoncs, bourdaine. La molinie est souvent représentée dans le gazon ; elle constitue un feutrage épais qui interdit la reproduction des chênes par les glands, dont la germination devient impossible.

La forêt est chassée des zones littorales océaniques par la violence des vents, la faiblesse de la chaleur estivale, l'abondance des précipitations ; cette humidité favorise le lessivage du sol, et parfois le déclenchement de véritables phénomènes de podzolisation : faute des bases nécessaires à la vie (calcium, potassium, sodium, etc.), faute d'un sol à la texture et à la structure convenables, l'arbre est absent.

Les landes artificielles, apparues à la suite des interventions destructives des hommes ou de leurs troupeaux, représentent une forme de dégradation irréversible, parce que l'acidité de l'humus fourni par les plantes composantes empêche le développement des arbres ; seul l'homme peut réorienter la végétation en plantant des espèces capables de fournir un humus légèrement moins acide (robinier, pin sylvestre, chêne rouge d'Amérique, pin Douglas) ; une étape ultérieure sera la reconstitution de la forêt de chênes et de hêtres.