idéalisme

Platon
Platon

Courant philosophique qui ramène ou subordonne à la pensée toute existence, tout être objectif et extérieur à l'homme.

La philosophie platonicienne, parfois qualifiée de « réalisme platonicien », est une philosophie idéaliste, puisque Platon attribue aux idées une existence en soi et les tient pour la réalité essentielle. Mais c'est au xviiie s. que le concept d'idéalisme apparaît, pour désigner la philosophie de Berkeley – qui, lui-même, n'utilisa jamais ce vocable, – et à partir du xixe s. seulement que des philosophes se définissent explicitement comme idéalistes ou matérialistes. Multiples dans leurs sens aussi bien que dans les intentions approbatives ou péjoratives qui conduisent à leur emploi, ces termes classificateurs risquent de masquer l'originalité de pensées comme celles de Platon, mais aussi de Descartes, de Kant, de Fichte, de Schelling ou de Hegel. Ce sont les philosophes allemands qui vont établir durablement l'idéalisme comme courant philosophique.

L'idéalisme transcendantal de Kant

« J'entends par idéalisme transcendantal de tous les phénomènes la doctrine d'après laquelle nous les envisageons dans leur ensemble comme de simples représentations et non comme des choses en soi, théorie qui ne fait du temps et de l'espace que des formes sensibles de notre intuition et non des déterminations données par elles-mêmes ou des conditions des objets considérés comme choses en soi » (Critique de la raison pure).

L'idéalisme transcendantal (ou critique) de Kant valide le pouvoir de la raison en mettant en lumière les conditions de son usage légitime et donc ses limites : la distinction entre les phénomènes dont nous formons la représentation et la chose en soi, susceptible d'être pensée à partir de postulats mais non connue, rend possible la conciliation entre un réalisme empirique (affirmation de l'existence des objets hors de notre pensée comme données sensibles de l'activité cognitive) et un idéalisme métaphysique (détermination nécessaire des phénomènes par les formes conceptuelles et sensibles a priori du sujet connaissant), renvoyant ainsi dos à dos le réalisme métaphysique et l'idéalisme empirique.

L'idéalisme allemand du xixe s.

L'idéalisme subjectif de la philosophie allemande du xixe s. se constitue par de multiples systèmes distincts qui ont en commun de réduire l'écart entre phénomène et chose en soi, entre vérité et certitude, entre l'être et la pensée : Fichte et Schelling, entre autres, marquent le prolongement allemand du romantisme.

Chez Fichte, l'idéalisme se ramène à une théorie du savoir, où le savoir est l'acte qui pose l'être. Schelling lui oppose ce qu'il appelle l'« idéalisme objectif », c'est-à-dire l'élaboration d'une philosophie de la nature faisant découvrir la genèse du sujet dans l'objet, mais toujours selon un processus idéel. Pour Schelling, la pensée est toujours à la source de l'objet et du sujet.

L'idéalisme de Hegel

Cette unité du subjectif et de l'objectif, c'est Hegel qui la réalisera dans son système d'idéalisme absolu. Dans ce système, l'idée (infinie) pose toutes les déterminations du réel (fini) : « Cette idéalité du fini est la principale proposition de la philosophie, et toute véritable philosophie est pour cette raison un idéalisme » (Encyclopédie des sciences philosophiques, « Théorie de l'être »). Ainsi, pour Hegel, le processus qui prétend interpréter, connaître le réel en sa diversité est un processus de pensée. La philosophie comme pensée de l'être n'est donc possible que pour autant qu'elle présuppose et affirme que l'être est la même chose que la pensée.