grâce

(latin gratia, de gratus, agréable)

Don ou secours surnaturel que Dieu accorde aux hommes pour leur salut.

THÉOLOGIE

Selon la doctrine catholique, le mot « grâce », dans le langage de la Bible, exprime d'abord l'idée d'un don gratuit ou gracieux fait par Dieu aux hommes. Cette manifestation de la grâce de Dieu trouve son accomplissement dans le Christ.

La gratuité et l'initiative de Dieu, qui appelle et qui sauve, produisent en l'homme la justification : libération du péché, accès à la vie de foi et de charité, suscitant l'espérance de la glorification, épanouissement de la grâce dans l'au-delà de cette vie. Le don de Dieu est gratuit et universel, dans le respect de la liberté de l'homme, mais indépendamment des œuvres de l'homme. Sur cette doctrine fondamentale se sont greffées différentes théologies. En fait, dès le ve s., avec Pélage et saint Augustin, s'instaura un interminable et capital débat portant sur le rôle réciproque de la grâce de Dieu et du libre arbitre humain. Après la Réforme, l'enseignement du concile de Trente sur la justification n'empêcha pas le débat de rebondir et d'alimenter, au xviie et au xviiie s., de violentes controverses sur la grâce : molinistes et jansénistes sont les adversaires les plus connus, la vision optimiste des premiers s'opposant à celle des seconds, qui estimaient que l'homme, foncièrement corrompu par le péché, ne peut se sauver que par la toute-puissance de la grâce de Dieu. Les théologiens actuels préfèrent redonner toute sa force à la grande vision johannique et paulinienne du dessein de salut de Dieu, qui « nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ » (Éphésiens, i, 5-6). Pour la réforme protestante, le problème de la grâce n'est plus de savoir comment jouent dans leurs rapports réciproques l'initiative divine et la liberté humaine, mais bien de croire qu'en Jésus-Christ toute la grâce de Dieu est concentrée pour le salut et la libération de l'humanité.