eurocommunisme

Courant d'idées visant à adapter les théories communistes à la situation politique existant dans les pays de l'Europe de l'Ouest. (Ce courant naquit dans les années 1970 autour des thèses de Santiago Carrillo, secrétaire général du parti communiste espagnol ; il rencontra l'adhésion du parti communiste italien qui, par la suite, en devint le champion.)

Ce terme, appliqué en particulier aux partis communiste espagnol, français et italien, apparaît à la fin des années 1975. Dès 1976 cependant, le secrétaire général du PCE, Santiago Carillo, voit dans l'eurocommunisme un « cadre général qui fait coïncider sur différentes positions substantielles les partis communistes de masse existant dans les pays capitalistes développés, qu'ils soient ou non européens ». Ces positions s'étaient précisées peu à peu au cours des années 1970 pour s'exprimer en 1975 lors de deux rencontres bilatérales (PCI-PCE et PCI-PCF), puis en juin 1976, lors de la conférence internationale des PC tenue à Berlin (RDA). Durant ces années, les trois partis s'engagent dans des politiques d'alliances avec d'autres forces politiques. C'est le programme commun en France, le compromis historique en Italie et le pacte pour la liberté en Espagne. S'il s'agit, en Espagne, de préparer l'instauration d'une démocratie parlementaire « bourgeoise » et en Italie de préserver un tel régime politique, en France, le but est d'« ouvrir la voie au socialisme » par des « changements profonds » dans la vie politique, économique et sociale. Parallèlement, ces partis prennent leur distance à l'égard du communisme de type soviétique, auquel il est notamment reproché l'insuffisance des libertés, mais dont le « caractère socialiste » n'est pas remis en cause. L'eurocommunisme se définit donc par la volonté d'établir une étroite liaison entre le socialisme, la liberté et la démocratie. De là ses principales positions : l'affirmation de la nécessité de la marche au socialisme dans le cadre d'une démocratisation continue de la vie économique, sociale et politique ; la définition du socialisme comme le contrôle public des principaux moyens de production et d'échange non étendu à la petite et à la moyenne propriété, la décentralisation de l'État, la pluralité des partis et la possibilité de l'alternance démocratique, l'exercice de toutes les libertés démocratiques.

Cependant, par la suite, les positions des partis qui se réclament de l'eurocommunisme divergent de plus en plus, en raison des événements d'Afghanistan (décembre 1979) et de Pologne (1981). Alors que le PCF approuve l'intervention soviétique en Afghanistan, et que le PCE connaît plusieurs scissions, le PCI demeure le champion du mouvement réformateur, ne cessant d'approfondir ses critiques à l'égard de l'URSS.

Depuis 1985, les nouvelles orientations adoptées par le PCUS reprennent plusieurs des positions défendues par l'eurocommunisme.

Pour en savoir plus, voir les articles communisme, compromis historique, parti communiste espagnol (PCE), parti communisme français (PCF), parti communiste italien (PCI), parti communisme de l'URSS (PCUS), programme commun de gouvernement, URSS.