déesses de la fécondité

L'homme primitif, qui a perçu les mystères de la vie physiologique de la femme comme les manifestations d'un pouvoir divin, a établi un rapport naturel entre la fertilité du sol et la fécondité féminine.

Des trois Vénus stéatopyges aux idoles égéennes

Nous ignorons l'usage de la représentation féminine, sculptée en ronde bosse, découverte en 1922 près de Lespugue et dont la signification se perd dans la nuit des temps (Paléolithique supérieur). Il est toutefois possible qu'il s'agisse d'une idole de la fécondité, rôle qui serait également dévolu à la Vénus de Laussel et à la Vénus de Willendorf, qui remontent toutes deux à l'Aurignacien supérieur. L'agriculture étant inconnue, on ne saurait raisonnablement considérer ces figurines comme des déesses de la Terre mère. La même remarque s'impose en ce qui concerne les idoles nues de la fin du Paléolithique, trouvées dans les tombes en Crète minoenne, qui peuvent être reconnues comme des déesses de la fécondité mystérieusement chargées de veiller sur le mort.

Par ailleurs, d'autres idoles, vêtues d'une sorte de jupe, la poitrine nue, les bras levés, apparaissant dans des sanctuaires plutôt que dans des nécropoles, confirment le rôle essentiel joué par la femme dans le rituel des religions égéennes.

À l'époque préhistorique, avant que les Iraniens n'aient pénétré en Iran, de nombreuses figurines féminines ont été sculptées, qui peuvent s'interpréter comme des déesses de la fécondité. Elles reproduisent le modèle d'une femme nue se pressant les seins. Sans doute avons-nous affaire ici à une déesse qui, plus tard, sera vénérée en Babylonie sous le nom de Nana, en Élam sous celui de Nahunte, déesse à laquelle les Iraniens rendront un culte en l'appelant Anâhita (l'Immaculée).

Les déesses de la Terre mère

Dans la religion grecque, aux époques archaïque et classique, c'est Déméter (Isis en Égypte, Cybèle en Asie Mineure, Astarté en Syrie, Astarté en Phénicie, Tanit à Carthage) qui représente par excellence la déesse de la Terre mère. L'un de ses surnoms, Karpophoros (celle qui porte fruit), montre assez l'importance de cette déesse de la glèbe dont la légende assure qu'elle s'est unie à Jason dans un champ labouré pour engendrer Ploutos, le dieu de la Richesse. Chez les Romains, Junon, parce qu'elle est déesse de la Lumière, exerce aussi, par dérivation, de grands pouvoirs sur l'enfantement et, sous le nom de Caprotina, n'est rien d'autre qu'une déesse de la Fécondité. Les trois grands dieux des Celtes, Brian (gaulois Brenos), Luchar et Lucharba, sont nés, selon la légende irlandaise, de la « triple Brigite », qui porte également les noms de Dana et Ana. Selon les rites celtiques, Dana est simultanément vierge et mère, cumulant les fonctions de Junon (épouse) et de Minerve (vierge) à Rome. Très rapidement, le christianisme a fait d'elle une sainte, patronne de l'Irlande avec saint Patrick.

En Gaule, au temps de César, quatre divinités masculines sont connues, équilibrées par une seule mais importante divinité féminine. Cette dernière répond à de multiples noms, indépendants ou composés à partir de la position complémentaire qu'elle occupe auprès d'une des divinités masculines : Sirona, Nantosuelta, Épona, Arduinna « la haute », déesse éponyme des Ardennes, etc.

De l'Asie orientale à l'Afrique noire

On reconnaît dans les mythes, les théologies et les rites qui entourent le culte de la déesse indienne Umâ, Pârvatî, Kâlî ou Kumarî une « religion de la Mère » qui s'étendait jadis sur une aire égéo-afro-asiatique très vaste. Quant à Kouan-yin, la Dame qui apporte des enfants, elle fut, en Chine, la très populaire déesse bouddhique de la Fécondité.

Mais nulle part mieux qu'en Afrique noire, la mentalité primitive n'a enraciné, perpétué, dans les aspects de sa culture, le rapport magique établi entre fertilité du sol et sexualité. De ce point de vue, l'impressionnante Nimba, déesse de la Fécondité des Bagas de Guinée, apporte le plus éloquent des témoignages.