bataille d'Angleterre

La Grande-Bretagne dans la Seconde Guerre mondiale
La Grande-Bretagne dans la Seconde Guerre mondiale

Ensemble des opérations aériennes qui opposèrent d'août à octobre 1940, dans le ciel d'Angleterre, les 850 chasseurs britanniques à 1 030 chasseurs et 1 320 bombardiers allemands.

1. L'isolement de la Grande-Bretagne

La chute de la France (mai 1940) (→ l'Occupation ; → gouvernement de Vichy) prive la Grande-Bretagne de son alliée sur le continent. Lors de l'entrée en guerre de l'Italie, le 10 juin, elle se trouve confrontée à un risque d'intensifications aériennes et surtout à une menace d'invasion. Le 15 juillet, Winston Churchill, assuré de la supériorité navale et aérienne britannique, décidé à résister et à poursuivre la lutte jusqu'à la victoire finale, repousse catégoriquement les propositions de paix présentées par Hitler.

2. Le plan allemand

Devant le refus britannique, le Führer se trouve contraint d'improviser un débarquement sans disposer de la maîtrise de la mer. Le débarquement (nom de code Seelöwe [« Otarie »] est prévu pour la seconde quinzaine d'août. La marine allemande n'étant pas en mesure d'acquérir la maîtrise de la mer dans des délais aussi brefs, l'effort principal est détourné sur la Luftwaffe, que dirige le maréchal Göring. Sa mission : détruire la chasse anglaise afin d'assurer la maîtrise de l'air et l'opération Seelöwe.

3. Les forces en présence

Regroupées en vue de l'attaque, les forces aériennes allemandes se composent de la IIe et IIIe flottes stationnées dans les pays occupés situés face à l'Angleterre (Hollande, Belgique, Nord de la France). Elles seront aidées par la Ve flotte, stationnée en Norvège. Réunies, les trois flottes aériennes allemandes disposent 2 350 appareils, dont plus d'un tiers d'avions de chasse (1 030), parmi lesquels les fameux Me-109 (conçu par l'ingénieur Willy Messerschmitt) et les célèbres Junkers 87, ou stukas, bombardiers d'attaque en piqué.

Côté anglais, le maréchal de l'air Dowding commande 4 groupements de chasse, un cinquième groupemenent étant placé, dans le sud-est de l'Angleterre, sous les ordres du vice-maréchal de l'air Park. Début août, la chasse britannique aligne 850 appareils – une infériorité numérique par rapport à la Luftwaffe – que compense une meilleure efficacité : en effet, la grande maniabilité et la puissance de feu du Spitfire en font un adversaire redoutable pour les chasseurs et les bombardiers allemands. En outre, l'Angleterre, le seul pays en 1940 à posséder un réseau radar efficae, dispose de moyens antiaériens importants.

4. La première phase (13-23 août)

Le premier objectif de l'offensive allemande lancée le 13 août est la destruction en quatre jours des objectifs vitaux pour l'Angleterre : les bases aériennes de la Royal Air Force (y compris les radars) ainsi que l'industrie aéronautique. Malgré des résultats satisfaisants (une trentaine d'appareils allemands abattus par jour), la chasse anglaise a perdu le quart de ses pilotes (150 d'entre eux sont tués ou blessés). En revanche, c'est un échec pour la Luftwaffe, qui, en onze jours, n'a pu détruire qu'un peu plus d'une centaine de chasseurs et a perdu 475 appareils, dont une centaine de chasseurs ; les stukas, qui se sont révélés inaptes au bombardement des ports et des aérodromes, sont retirés pour être concentrés dans le nord de la France.

5. La deuxième phase (24 août-6 septembre)

Tirant les leçons de cet échec, Göring, convaincu que seule la chasse est capable de remporter la bataille aérienne, change de tactique. Pour traverser les défenses avancées de la région du Sud-Est, des petites formations de bombardiers sont envoyées, escortées par deux formations de chasse rapprochées – l'une à 500 m au-dessus, l'autre 500 m au-dessous – et par une formation en protection haute, entre 8 000 et 10 000 m. S'adaptant à cette nouvelle tactique de l'ennemi, le maréchal Dowding laisse les formations allemandes pénétrer à l'intérieur du territoire et les attaque aussitôt qu'elles sont éloignées de leurs bases. Après des combats acharnés, les opérations atteignent leur intensité maximale fin août-début septembre. Les infrastructures anglaises (pistes de décollage, hangars) sont attaquées sans relâche, les chasseurs subissent de graves dommages nécessitant des réparations plus longues. En dépit de ces difficultés, la chasse anglaise, à raison d'une moyenne journalière de 729 sorties (la plus élevée de toute la bataille d'Angleterre), parvient à abattre 530 appareils allemands (une moyenne de 37 par jour). Mais les pertes en pilotes sont préoccupantes : 230 en moins de deux mois de combat. Il faut reconvertir en toute hâte 260 pilotes inexperimentés. À la veille du 7 septembre, la RAF est à bout se souffle.

6. La troisième phase ou le Blitz sur Londres (7-30 septembre)

Furieux du bombardement par les Britanniques de l'usine Siemens Halskes à Berlin, en représailles au bombardement allemand par erreur de la banlieue de Londres dans la nuit du 24 au 25 août, Hitler impose le 7 septembre un nouvel objectif à la Luftwaffe : le bombardement de Londres et de sa blanlieue : le Blitz. Cette erreur de la stratégie allemande sauve l'Angleterre, car elle facilite la concentration de la chasse et permet à l'industrie de guerre de poursuivre sa production.

Commencé le 7 septembre, les bombardements allemands de type stratégique (attaques de jour et nuit pour terroriser la population) atteignent leur intensité maximale les 14 et 15 septembre avec le passage de 650 bombardiers en plusieurs vagues. La défense anglaise – 480 chasseurs, effectuant sortie sur sortie – inflige de lourdes pertes aux bombardiers allemands. Le mauvais temps empêchant toute opération les 15 et 16 septembre, Hitler, constatant l'échec de la Luftwaffe affaiblie par la perte de 742 appareils, décide de remettre au printemps 1941 le débarquement.

7. La dernière phase (1er-31 octobre)

Nouveau changement de stratégie : Göring décide de substituer aux bombardiers des chasseurs-bombardiers en les équipant de bombes de 250 kg. Le but est d'obliger la chasse britannique à intervenir contre ces raids allemands au-dessus de Londres et de permettre aux chasseurs allemands dissimulés dans les raids, de la détruire. Parallèlement, d'autres bombardiers allemands opèrent de nuit afin de réduire leurs pertes. Enfin, de nouveaux types de bombes sont utilisés par les Allemands : bombes à retardement, à dispersion, à essence et incendiaires. En dépit du nombre de civils qui périssent ou sont blessés sous les bombardements d'octobre (plus de 15 000), l'Allemagne ne réussit à pas abattre le courage et la résistance inébranlables de la population britannique tout entière.

8. La bataille d'usure (octobre 1940-juin 1941)

En octobre, la fin de la bataille d'Angleterre ne signifie pas l'arrêt des bombardements allemands sur l'Angleterre ; au contraire, elle se transforme en bataille d'usure et va se poursuivre jusqu'en juin 1941. Göring élabore un nouveau plan de bombardements, visant, outre Londres, les principales villes industrielles de l'Angleterre : attaquée dans la nuit du 14 au 15 novembre par 500 bombardiers, Coventry est anéantie par les bombes incendiaires. Après Birmingham, le 19, Bristol, Plymouth, Liverpool, Southampton, Sheffield sont elles aussi attaquées, mais également les villes galloise (Swansea), irlandaise (Belfast) et écossaisse (Glasgow).

La bataille d'Angleterre est le premier échec infligé à l'Allemagne jusqu'alors victorieuse : elle a été gagnée grâce à la supériorité de la Royale Air Force, à la qualité de ses avions et à l'héroïsme de ses équipages ainsi qu'aux erreurs stratégiques du commandement allemand.

Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.