Liban : géographie physique

Beqaa
Beqaa

Le mont Liban domine une étroite plaine littorale. À l'est, la Beqaa est une dépression aride, limitée vers l'est par l'Anti-Liban.

1. Le relief et l'hydrographie

1.1. Le relief

Le dispositif général du relief, qui se compose de quatre grands ensembles, est assez simple. Une plaine littorale étroite, discontinue et entrecoupée de promontoires rocheux, s'étire sur environ 250 km. Elle ne s'élargit qu'au nord dans la plaine d'Akkar et au sud à partir de Sayda (anciennement Sidon). Dominant le littoral, le mont Liban est une puissante muraille calcaire culminant à 3 083 m au Qurnat al-Sawda. Les sommets, constitués de hauts plateaux élevés sur une zone karstique, sont fortement entrecoupés de gorges s'enfonçant parfois sur plus de 1 000 m, comme celles de la Qadicha ou du Nahr Ibrahim. Ces montagnes littorales ont des formes extrêmement lourdes et massives. Les altitudes moyennes sont élevées (1 414 m pour le Liban septentrional ; 922 m pour le Liban méridional), et surtout les coefficients de massivité (rapport de l'altitude moyenne à l'altitude maximale) sont considérables pour des pays plissés en matériel sédimentaire.

Cette massivité exprime l'extrême jeunesse morphologique de ces reliefs, qui résultent essentiellement de la dernière phase orogénique, celle du Villafranchien, et qui ont été très peu retouchés depuis lors. Dans les surfaces sommitales s'inscrivent une série de facettes correspondant à des surfaces d'érosion de plus en plus récentes vers le centre de la montagne et se recoupant progressivement vers celui-ci. Cette surface polycyclique fondamentale, déformée par la dernière phase tectonique en un vaste bombement, est partout le point de départ du relief actuel. Elle a été partiellement défoncée par le dernier cycle, qui a dégagé ainsi au cœur de la montagne des formes structurales de type préalpin, tandis que les niveaux d'aplanissement plus ou moins basculés et entaillés par de profondes gorges épigéniques dominent à la périphérie. Tel est le cas du mont Liban (3 088 m), où les hautes surfaces karstifiées dérivent de la carapace structurale des calcaires cénomaniens.

À l'est, la montagne retombe de façon vertigineuse sur la plaine intérieure de la Beqaa, synclinal prolongeant le rift africain. Cette haute région, qui atteint 1 100 m près de Baalbek, contre seulement 900 m dans sa partie méridionale, dessine un couloir dont la largeur n'excède pas 15 km. Une seconde chaîne montagneuse, l'Anti-Liban, est un flanc d'anticlinal qui domine à l'est la Beqaa. Un peu moins élevée que le mont Liban, cette montagne est plus difficile à franchir en raison de son aspect massif ; ses hautes surfaces tabulaires se relèvent à plus de 2 500 m le long de la frontière libano-syrienne (2 659 m au Talat Musa). Les plateaux cénomaniens constituent l'essentiel. Au sud, se dresse la pyramide de l'Hermon, qui culmine à 2 814 m au-dessus de la Beqaa méridionale et du Golan syrien, et où le noyau jurassique est largement décapé.

1.2. L'hydrographie

Les ressources hydrologiques sont essentiellement liées aux reliefs montagneux du bourrelet méditerranéen. Les cours d'eau de la façade méditerranéenne du Liban sont, dans l'ensemble, régulièrement alimentés, en raison des conditions structurales qui font intervenir de puissantes masses calcaires en altitude, où les eaux s'infiltrent avant de réapparaître en grosses sources résurgentes. Il en résulte un type de fleuve qui n'est ni subdésertique ni même méditerranéen normal.

La Beqaa est drainée par deux fleuves de direction opposée : l'Oronte, qui coule du sud au nord et draine tout le versant intérieur du mont Liban avant de rejoindre ensuite la Syrie et la Turquie (débit moyen : 78,5 m3s), et le Litani (150 km), qui coule dans le sens inverse, entièrement en territoire libanais, et draine la partie méridionale du pays (débit : 23 m3s). L'abondance est relativement forte (Litani : 12,74 l/s/km2, ce qui offre de larges possibilités d'irrigation). Le coefficient d'écoulement atteint 40 % pour le Litani. Les régimes sont normalement pluviaux, à hautes eaux au cœur de l'hiver, mais plus ou moins influencés par la fonte des neiges et décalés vers le printemps sur les cours supérieurs. Le Jourdain prend sa source dans le sud de la Beqaa et se coule vers Israël. Sur le versant occidental de la chaîne du Liban s'échappent vers le littoral une quinzaine de torrents aux bassins exigus.

2. Le climat

Si le climat méditerranéen vaut au Liban de connaître deux saisons bien tranchées, l'altitude et la continentalité apportent d'importantes nuances. Au vent des massifs, la côte méditerranéenne est fortement arrosée (Beyrouth, 879 mm ; Tripoli, 853 mm), mais les précipitations s'abaissent rapidement dans les dépressions intérieures. De 625 mm à Ksara et de 554 mm à Rayyaq, dans la Beqaa méridionale, elles tombent à 358 mm à Baalbek, dans la Bekaa septentrionale, au droit des plus hauts reliefs du Liban. Elles remontent dans l'arc montagneux et les massifs de l'intérieur. L'Anti-Liban reçoit sans doute encore au moins 600 mm de pluies. La répartition saisonnière des pluies reste partout typiquement méditerranéenne, à prépondérance de saison froide, mais la durée de la saison pluvieuse diminue progressivement vers l'intérieur, alors qu'à Beyrouth juillet et août sont les deux seuls mois absolument secs.

Les maxima pluviométriques, enregistrés en janvier-février, dépassent 700 mm et peuvent atteindre 1 500 mm. En altitude, où il pleut beaucoup, la neige apparaît à partir de 1 600 m. La couverture neigeuse et la rétention karstique font de cette montagne littorale du Croissant fertile un immense château d'eau. Alors que le gel est inconnu sur le littoral, il est fréquent autour de la Beqaa (60 jours par an), où les amplitudes annuelles et journalières sont très fortes. L'humidité et la nébulosité restent importantes sur les côtes pendant tout l'été, les vents étésiens y apportant, à défaut de pluies, un bain de vapeur et de brume qui enveloppe le versant occidental du bourrelet montagneux littoral. L'atmosphère de l'été est ainsi pénible sur toute la côte, au moins autant que dans l'intérieur.

À Beyrouth, la moyenne des températures de janvier est de 13,1 °C et le minima moyen se situe à 5 °C. L'amplitude thermique augmente régulièrement de la côte méditerranéenne vers l'intérieur. De 13,8 °C à Beyrouth, elle passe à 18,6 °C à Ksara, dans la Beqaa. Les extrêmes de chaleur ne sont pas rares sur la côte, où souffle fréquemment au printemps le chamsin, vent brûlant du sud lié au passage tardif de dépressions méditerranéennes.

3. La végétation

Seules les montagnes littorales portent des forêts, mais celles-ci ont presque disparu et le couvert forestier ne concerne plus que 70 000 ha. L'étagement forestier, théorique et difficile à reconstituer en raison de l'intense déboisement, qui exprime l'accumulation de la population dans les montagnes littorales, peut être reconstitué sur le versant occidental. De 0 à 1 000 m, l'étage inférieur est celui des pins (pin d'Alep) et des chênes à feuilles persistantes. De 1 000 à 1 500 m se situe un étage de transition. Le pin d'Alep et les chênes verts montent jusque vers 1 800 m, les cyprès jusque vers 1 600 m, le pin pignon jusque vers 1 500 m. Mais on voit apparaître déjà les essences d'altitude : genévriers à partir de 1 200-1 400 m ; sapin de Cilicie à partir de 1 400 m. Ce dernier, qui monte jusque vers 2 100 m, domine dans l'étage proprement montagnard (1 500-2 000 m), à côté du cèdre du Liban (1 500-1 950 m), mais les célèbres forêts de cèdres de l'Antiquité ont disparu ; elles ont fait place à une garrigue née de l'excès des abattages et des pâtures. Au-dessus, l'étage des genévriers s'élève jusque vers 2 700 m au mont Liban, passant à une steppe alpine.

Les sapins et les cèdres n'ont pu franchir la crête, trop élevée, du mont Liban et le versant oriental voit les genévriers régner sans partage à partir de 1 500 m au-dessus de l'étage des feuillus. Ils occupent de même tout le versant occidental de l'Anti-Liban.

Les cultures cessent au-dessus de 1 200 m. Les collines, lorsqu'elles ne sont pas cultivées, sont recouvertes de buissons épineux et de fleurs sauvages.

Pour en savoir plus, voir les articles population du Liban et activités économiques du Liban.