Grands Rhétoriqueurs

Nom que se donnaient, à la fin du xve et au début du xvie s., les poètes des cours de France, de Bourgogne, de Bretagne et de Flandre, qui attachaient une grande importance aux artifices de style et aux raffinements de la versification.

Contemporains du gothique flamboyant, les Rhétoriqueurs, férus de mythologie et d'allégorie, rivalisaient de trouvailles, de calembours, de raffinements et de subtilités risquées. Disciples enthousiastes d'Alain Chartier, ils écrivirent un grand nombre d'ouvrages, de chroniques ou de poèmes historiques et moraux. Ces œuvres présentent en commun une imitation de la période latine, l'abus de l'allégorie, l'enflure syntaxique et métaphorique. Cependant, elles contribuèrent à la renaissance de l'Antiquité et à la formation de la presse française, ainsi qu'à l'art poétique du xvie s. Le genre propre des rhétoriqueurs disparaît néanmoins au début du xvie s. avec l'avènement de l'humanisme, qui se produit sous François Ier.

Parmi les principaux Rhétoriqueurs, il faut citer, dans le groupe de Bourgogne, Georges Chastellain, Jean Molinet, Pierre Michault et Olivier de La Marche. Chroniqueur et poète au service de Charles le Téméraire, puis de sa fille Marie de Bourgogne, Olivier de La Marche est véritablement le fondateur de l'école des Rhétoriqueurs. Il est l'auteur de romans allégoriques : le Chevalier délibéré, le Triomphe des Dames.

Dans le groupe de Bretagne, il faut retenir Jean Meschinot, Andrieu La Vigne, Jean Marot, Pierre Gringore (ou Gringoire), Octavien de Saint-Gelais et Jean Bouchet.

Jean Lemaire de Belges (1473 – vers 1520), qui appartient aux deux groupes, est sans doute le « rhétoriqueur » le plus singulier. Secrétaire dans les maisons du duc de Bourgogne, de Marguerite d'Anjou, d'Anne de Bretagne et historiographe de Louis XII, il écrit le Temple d'honneur et de vertu (1503), la Plainte du désiré (1509), la Légende des Vénitiens (1509), la Couronne margaritique (1549) et surtout les Épîtres de l'amant vert. L'inspiration de cette œuvre est à la fois d'origine latine, courtoise, italienne. Stace, poète latin (45-96) qui avait écrit l'oraison funèbre d'un perroquet, fournit ici le thème à Jean Lemaire de Belges.