Ermites de saint Augustin ou Ordo Fratrum Sancti Augustini (OSA) ou Ordre des Augustins

Ordre religieux catholique approuvé définitivement au concile de Lyon en 1274. Structuré selon le modèle dominicain, il fut de bonne heure considéré comme un ordre mendiant, mais ne fut confirmé comme tel qu'en 1567 par le pape Pie V.

Contrairement aux autres ordres mendiants, l'ordre des Ermites de Saint-Augustin n'a pas été fondé par une personnalité religieuse mais a été créé par la volonté de la papauté, qui souhaitait réunir en un seul ordre diverses congrégations érémitiques italiennes pratiquant la mendicité.

Comme beaucoup de monastères, de congrégations canoniales régulières, et comme la majorité des ordres religieux non monastiques des xiie et xiiie siècles (dont les Prémontrés et les Dominicains), ces congrégations se référaient à la règle établie par saint Augustin, à la fin du ive siècle, probablement pour le monastère de Tagaste. Chaque ordre complétait cette référence par des constitutions destinées à préciser l'organisation quotidienne de la vie communautaire.

L'existence de ces congrégations fut reconnue aux conciles de Latran IV et de Lyon II, qui adoptèrent la référence de la règle augustinienne, à l'exception de toute nouvelle règle, pour définir la « vie apostolique » face à la « vie monastique » de la règle de saint Benoît (Latran, canon 13 ; Lyon, constitution 23). Elles avaient déjà commencé à se regrouper en deux foyers régionaux principaux : la Toscane et les Marches. En Toscane, les Guillemites, fondés au début du xiie siècle par Guillaume de Malavalle, et les Ermites de saint Augustin, établis au début du xiiie siècle autour de Sienne, Lucques et Pise, furent réunis par Innocent IV en 1243 dans la congrégation des Ermites de Toscane. D'autres part, les Marches et le sud de la Romagne furent le berceau de communautés érémitiques et pénitentes, comme les les Jeanbonites (Zanbonini) ou Ermites du bienheureux Giovanni Bono, à Cesena (fondés en 1209), et les Ermites de Brettino (près de Fano), ascètes les plus rigoureux, adeptes de la pauvreté absolue, qui furent reconnus en 1237.

Dans la ligne des canons du concile Latran IV, qui interdisaient la multiplication d'ordres nouveaux, l'unification fut organisée par le pape Alexandre IV. Dans l'année 1256, il confirma les privilèges des augustins et proposa l'élection d'un supérieur général élu par un chapitre triennal. Le cardinal protecteur Richard entendit séparément les prieurs de chaque congrégation, puis les réunit en un chapitre général à Rome (Santa Maria del Popolo), qui adopta la règle générale proposée. La bulle Licet Ecclesiae Catholicae du 9 avril 1256 confirma l'union (Magna Unio), à la tête de laquelle les prieurs de la congrégation de Giovanni Bono se succédèrent d'abord.

Les principaux problèmes que durent affronter les promoteurs de l'union relevaient de la question de la pauvreté volontaire. Les frères pouvaient-ils posséder des biens communs, et dans quelles limites ? D'autre part, l'esprit d'autonomie des communautés érémitiques ne s'accommodait pas facilement des obligations d'obéissance envers une hiérarchie de supérieurs provinciaux. Ces problèmes expliquent la lenteur de l'unification réalisée progressivement sur un demi-siècle et le maintien de privilèges particuliers : ainsi, les Ermites de Brettino et les Guillemites conservèrent le droit de mener une vie plus rude et ascétique. Tous reçurent cependant la même large coule noire à ceinture de cuir, cependant qu'ils abandonnèrent rapidement l'attribut érémitique du bâton.

L'union obéissait à un principe de réciprocité dans la fédération. Cela explique que rapidement, l'ordre des Frères Sachets, plus ou moins forcés d'adhérer à l'union, s'en séparèrent vers 1263, tandis que les Guillemites furent lentement assimilés. La stabilisation définitive de l'ordre intervint avec les constitutions de Ratisbonne promulguées en 1290. Dix ans plus tard, selon les sources du temps, l'ordre des Ermites de saint Augustin s'était répandu dans tous les pays d'Europe et aurait compté plus de trois cents couvents. À la fin du Moyen Âge, il comptera environ 2 000 couvents et 30 000 membres. Aujourd'hui la stabilité locale (stabilitas loci), étrangère aux Ordres mendiants, reste une caractéristique des abbayes des frères augustins dont l'ordre est organisé en 26 provinces.

Depuis la fondation des Ermites de saint Augustin, d'autres ordres se sont également placés sous l'égide de la règle de saint Augustin, par exemple les Servites de Marie, les Ursulines et les Sœurs de la Visitation.