AFL

sigle de American Federation of Labor

Organisation syndicale américaine.

Créée en décembre 1886 par Samuel Gompers lors d'un congrès réunissant les principaux syndicats de métiers, l'AFL s'oppose dès sa naissance aux syndicats de type interprofessionnel comme les Chevaliers du travail, et s'oriente vers un syndicalisme de type corporatiste, sans lien avec un parti politique, même si elle accepte des syndicalistes socialistes ou populistes. Après des débuts difficiles, la nouvelle fédération passe de 100 000 adhérents à sa création, à 300 000 en 1898 et à 2 millions en 1910 ; elle réunit alors 120 unions de métiers. Sous la férule autoritaire de Samuel Gompers, dirigeant de l'AFL de 1886 à 1924 à l'exception de l'année 1895, la fédération s'implante également au Canada à travers le Congrès des métiers et du travail. Quoique apolitique, l'AFL soutient, dès 1908, les candidats démocrates aux élections présidentielles. En fait, la fédération s'intègre au système économique et social américain et apparaît surtout comme un syndicalisme gestionnaire laissant à d'autres, comme l'Industrial Workers of the World (IWW), le soin de mener les grèves les plus dures. Hostile à la poursuite de l'immigration, l'AFL obtient en 1917 le vote d'une loi restrictive écartant les nouveaux immigrants slaves ou latins. Elle apparaît alors comme une organisation syndicale représentative non pas de l'ensemble du monde ouvrier américain mais des ouvriers issus de l'immigration anglo-saxonne.

Durant la Première Guerre mondiale, l'AFL est favorable à l'intervention armée des États-Unis dans le conflit. Le plein-emploi que permet l'effort de guerre facilite la syndicalisation : en 1920, l'AFL regroupe 5 millions d'adhérents venant essentiellement des mines, du bâtiment, de l'imprimerie, des transports, de la confection. Cependant, l'attentisme de la fédération pendant la guerre et les effets de la récession du début des années 1920 expliquent le recul de son influence (3,4 millions d'adhérents en 1929). Une reprise a lieu avec l'arrivée au pouvoir de Franklin Roosevelt, élu en 1932 avec le soutien de l'AFL, et le vote de la loi Wagner (1935), favorable aux syndicats. Des grèves éclatent alors : la direction de l'AFL est contestée notamment par le Committee of Industrial Organization (CIO), fondé en 1935 à l'intérieur de l'AFL. En 1938, le CIO fait scission en entraînant la gauche de l'AFL et devient le Congress of Industrial Organizations. À partir de 1941, l'AFL soutient l'effort de guerre du gouvernement américain. Prudente en matière de revendications sociales, elle rassemble néanmoins 10 millions d'adhérents en 1945. La rivalité avec le CIO, le vote de la loi antisyndicale Taft-Hartley en 1947 affaiblissent l'ensemble du syndicalisme américain tandis que s'installe avec la guerre froide un climat qui conduit l'AFL comme le CIO à exclure leurs syndicats soupçonnés de sympathies communistes. C'est sur cette base d'opposition au communisme que commencent en 1952 les négociations qui mènent en 1955 à la fusion de l'AFL avec le CIO (→ AFL-CIO).