émail

(francique *smalt)

Marie Ire Stuart
Marie Ire Stuart

Matière vitreuse, transparente ou opaque, dont on recouvre certaines matières pour les protéger, leur donner de l'éclat ou les colorer d'une façon inaltérable.

L'émail en céramique

Pour les historiens d'art, seul l'enduit plombeux, opacifié et blanchi par l'étain, qui recouvre majoliques et faïences est dit émail. Les enduits plombifères ou alcalins, incolores ou colorés des poteries argileuses ou siliceuses sont des glaçures, et le mot couverte est réservé aux revêtements divers des grès et des porcelaines.

L'émail sur métal

Généralement composé d'un mélange fondu de sable, de minium, de potasse, de soude et d'oxydes métalliques colorants, il est appliqué en poudre ou en pâte et rendu adhérent par fusion dans un moufle. L'émail sur tôle et sur fonte est utilisé pour la fabrication de plaques, d'ustensiles de cuisine, de revêtements, etc.

L'émaillerie d'art sur métal

Après les émaux sertis à froid des Égyptiens (pectoraux) et des Celtes de La Tène, et les quelques émaux champlevés, sans doute iraniens, exhumés en Europe centrale, c'est Byzance qui porte l'émaillerie à son sommet avec la technique des émaux transparents cloisonnés d'or (plaques et médaillons de la Pala d'oro de St-Marc de Venise, xe-xie s.). L'Occident leur substitue au xiie s. le champlevé, dont les ateliers mosans, puis ceux de Limoges se feront une spécialité ; avec le cuivre évidé, matériau moins noble, remplaçant les alvéoles bordées de lamelles d'or, on adopte des émaux opaques (châsses, appliques, objets liturgiques, plaquettes d'oratoire…). L'émaillerie sur basse taille, translucide sur fond ciselé, est mise au point à la fin du xiiie s. à Paris et domine aux xive et xve s.

La peinture en émail apparaît au xve s. (autoportrait de J. Fouquet, Louvre) et fleurit à Limoges (familles des Pénicaud, des Limosin, des Courteys : portraits et scènes religieuses en couleurs ou en grisaille, souvent à fond noir et rehauts d'or), puis en Italie du xvie au xviiie s.

Dès le xviie s. apparaît une peinture plus libre, aux couleurs plus variées, appliquées sur un lit d'émail blanc. Cette technique conduit à de véritables petits tableaux, comme ceux de J. Petitot, et aux miniatures formant le couvercle de boîtes et de tabatières. Les vieux procédés sont réhabilités à partir du milieu du xixe s., l'Occident imitant notamment les admirables émaux cloisonnés produits par la Chine depuis l'époque Ming.

L'émail sur verre

L'émaillage est un procédé de décor de la verrerie utilisé dès avant l'ère chrétienne en Syrie, développé et enrichi par les Arabes, qui parvinrent, à Damas et au Caire, à fixer sur le verre des émaux translucides colorés. Des pays musulmans, cette technique s'est répandue autour du bassin méditerranéen au xvie s., à Venise et à Barcelone, puis en Europe continentale. Elle a été reprise, en France, par des verriers comme Gallé ou Marinot. Dans le vitrail, l'usage des émaux translucides fixés par cuisson, distincts des autres colorations de surface (grisaille, sanguine, jaune d'argent), apparaît au xvie s.