Reformes, qualité des formations et des formateurs, ressources disponibles : les débats sur les problèmes de l’éducation française et sur son avenir sont suivis avec passion par l’ensemble de l’opinion publique.
Journal de l'année Édition 1967
Éducation 11 millions et demi de Français — presque 1 sur 4 — fréquentent une école ou une université. 500 000 fonctionnaires environ travaillent pour l'Éducation nationale (« la plus grande affaire de France, peut-être même d'Europe », affirmait Christian Fouchet).
Journal de l'année Édition 1968
Journal de l'année Édition 1969
Journal de l'année Édition 1970
Éducation Écoliers, lycéens, étudiants, professeurs, parents : plus de 25 millions de Français sont concernés directement par les problèmes scolaires et universitaires. La prise de conscience consécutive aux événements de mai et juin 1968 avait provoqué un gigantesque mouvement d'intérêt pour les problèmes scolaires et s'était traduite par un bouillonnement d'idées. Qu'en reste-t-il après deux années ?
Journal de l'année Édition 1971
Éducation Le technique prend la vedette. Après des années consacrées à cette grande malade, l'Université, le gouvernement se penche sur ce rameau négligé de l'enseignement français. Pourtant, l'année commence mal. Le 14 septembre, jour de la rentrée, la majorité des collèges et lycées d'enseignement technique sont vides ; les professeurs ont largement répondu aux mots d'ordre de grève de leurs syndicats.
Journal de l'année Édition 1972
Éducation L'année scolaire 1971-72 s'ouvre sur une grève : le 15 septembre, jour de la rentrée, les professeurs du secondaire, à l'appel de leurs syndicats, refusent d'assurer leurs cours. C'est le début d'un vaste débat qui traduit l'existence d'un profond malaise dans le corps enseignant.
Journal de l'année Édition 1973
Journal de l'année Édition 1974
Éducation L'élection présidentielle du mois de mai, suite au décès du président Pompidou, n'a pas permis au Parlement d'examiner, comme prévu au cours de sa session de printemps, la réforme de l'enseignement secondaire dite « réforme Fontanet ». Ce projet de loi a soulevé de nombreuses controverses chez les enseignants, les parents d'élèves, les partis politiques et les syndicats. Le projet a été une des préoccupations principales de la vie scolaire pour la période 1973-74. Pour ces raisons, on retrouvera ci-dessous l'analyse de ce texte et les principales indications sur les polémiques qui se sont produites. Le nouveau ministre de l'Éducation, René Haby, déclare, le 29 mai, que la réforme de son prédécesseur « serait bien sûr poursuivie ». Mais, a-t-il ajouté, elle nécessite une nouvelle étude avant d'être présentée devant le Parlement.
Journal de l'année Édition 1975
Éducation Les défauts du système d'éducation français sont bien connus. Joseph Fontanet, avant de proposer « sa » réforme, les avait répertoriés. L'école, qui, en France, assure l'avenir d'une minorité privilégiée, rejette les autres – que défavorise déjà leur origine sociale – sur le marché du travail sans leur offrir une formation suffisante : elle se caractérise donc à la fois par une injustice profonde et un rendement médiocre.
Journal de l'année Édition 1976
Éducation Les établissements d'enseignement secondaire sont restés relativement calmes, malgré l'appel à la grève générale de l'Éducation nationale lancé le 18 avril par les étudiants. Certains lycées et collèges d'enseignement technique ont été gagnés par l'agitation, après les vacances de printemps, notamment dans la région parisienne, dans celles de Nice, Toulouse, Marseille et Bordeaux. Mais, à l'exception de quelques établissements, comme le lycée de Digne ou celui de Gonesse (Val-d'Oise), fermés pour quinze jours dans un cas, dix dans l'autre, les grèves d'élèves y sont sporadiques.
Journal de l'année Édition 1977
Éducation La réforme Haby, après deux ans de controverse (Journal de l'année 1974-75 et 1975-76), prend sa forme définitive, en même temps que son objectif se restreint à la scolarité obligatoire ; la réforme du deuxième cycle est retardée : le gouvernement décide de créer, à la rentrée 1977, des classes de seconde expérimentale, avant d'entreprendre la réorganisation proposée par René Haby, qui faisait une grande place à des enseignements à option librement choisis par les élèves. Quant à la formation des enseignants, malgré son importance, elle semble remise sine die.
Journal de l'année Édition 1978
Éducation Lorsque René Haby quitte le ministère de l'Éducation après quarante mois d'exercice, la réforme de l'enseignement qu'il a entreprise est encore loin d'être achevée. Il s'agit de réorganiser toute la scolarité obligatoire, le deuxième cycle secondaire et le baccalauréat, de changer la pédagogie et même l'administration de l'éducation : de définir « une politique d'éducation jusqu'à la fin du siècle », selon les termes du président Giscard.
Journal de l'année Édition 1979
Éducation La formation des instituteurs va être améliorée. Ch. Beullac annonce, fin avril 1979, une réforme, préparée par un an de discussions avec le SNI. Elle sera appliquée dès la rentrée 1979. C'est donc dans un climat de satisfaction que s'ouvre, le 28 juin, à Chambéry, le congrès du SNI.
Journal de l'année Édition 1980
Éducation René Haby n'a pas eu le temps d'achever la réforme du premier cycle, pas plus que celle de l'école primaire. Christian Beullac, son successeur, n'a pas les mêmes préoccupations. Il souhaite avant tout améliorer le fonctionnement de la machine Éducation nationale, et éviter autant que possible les bouleversements, « calmer le jeu ». Il achève la réforme Haby, mais en se tenant au strict nécessaire. Le mot d'ordre du gouvernement au mois de septembre 1979 est « de faire le moins de réformes possible ».
Journal de l'année Édition 1981
Éducation Les réformes de l'enseignement laissent-elles un arrière-goût amer ? La réforme Haby a été l'objet d'attaques venant à la fois de la droite et de la gauche du milieu enseignant et des spécialistes. Aujourd'hui, avant même d'être achevée, cette réforme tend à être chargée de tous les péchés par une fraction plus large de l'opinion.
Journal de l'année Édition 1982
Éducation Pour la majorité des enseignants, la victoire de la gauche, à l'élection présidentielle de mai 1981, puis aux législatives, est une divine surprise. Depuis des années, ils n'ont cessé de lui apporter leurs voix et leur soutien. Symbole de cette alliance entre les enseignants et la gauche : l'élection de 132 enseignants sur les 283 députés socialistes à l'Assemblée nationale.
Journal de l'année 1er juillet - 31 décembre 1982
Éducation Le mois de septembre 1982 est celui de la première véritable rentrée scolaire préparée depuis une vingtaine d'années par un gouvernement socialiste, puisque celle de l'an dernier suivait de près l'arrivée de la gauche au pouvoir. Le changement le plus immédiatement perceptible pour les élèves, les parents et aussi les enseignants est le retour, à peu de chose près, à une date unique de rentrée des classes (le 7 ou le 9 septembre suivant les académies). Mais ce n'est pas le seul changement. Si, au cours de l'été 1981, André Savary n'avait pu opérer que dans la hâte des « replâtrages de fortune » en augmentant le nombre des enseignants, donc en se limitant aux aspects quantitatifs, tout au long de l'année ses services ont consacré leurs efforts au qualitatif.
Journal de l'année Édition 1984
Éducation Une année scolaire est bien souvent jugée sur la façon dont se passe la rentrée. Un ministre de l'Éducation nationale est, lui aussi, critiqué ou félicité au vu des premiers jours de l'année scolaire. Parents, enseignants, élèves et membres du gouvernement portent toute leur attention sur les quelques jours de septembre qui, à leur avis, déterminent les mois qui suivent, et parfois la réussite ou non aux examens.
Journal de l'année Édition 1985
Éducation Méfions-nous de nos « journées historiques » : les manuels d'histoire n'en retiendront pas beaucoup. Faut-il classer le dimanche 24 juin 1984 parmi les exceptions ? Paris a connu ce jour-là une manifestation de première importance. Cette foule immense, de un million à un million et demi de personnes, était en effet la plus nombreuse jamais réunie depuis la Libération. Elle a conduit le gouvernement à remettre en cause sa politique scolaire. Et elle a révélé, au-delà des polémiques et des slogans, un visage troublant de la France des années 80.
Journal de l'année Édition 1990
Journal de l'année Édition 1992
Enseignement Le gouvernement et sa majorité ont de l'enseignement une conception quantitative. Porter 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat en l'an 2000 reste leur objectif principal, objectif qu'ils pensent atteindre en instituant le corps unique d'enseignants de la maternelle à l'université dont avaient rêvé, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les auteurs du plan Lange-vin-Wallon de 1947. En bondissant de plus de 51 % en 1990 à plus de 60 % en 1991, le nombre des candidats (571 039) au premier grade de l'enseignement supérieur semble conforter leurs espérances. En 1991, les heureux élus ne représentent pourtant que 48,1 % d'une classe d'âge et, de l'aveu des examinateurs, ne doivent leurs succès qu'à l'indulgence des jurys dont les exigences qualitatives sont tempérées par les instructions ministérielles et administratives.
Journal de l'année Édition 1993
Éducation : rénovation ou consensus prudent ? Après expérimentation dans 33 départements, la réforme de l'école entre en application en janvier. Elle structure les enseignements maternel et primaire en trois cycles pluriannuels dits des « préapprentissages », des « apprentissages premiers » et des « approfondissements » : la classe est cassée, des « groupes de besoins » constitués pour faire du « soutien », les enseignants contraints au travail en équipe, au suivi et à l'évaluation collective de leurs élèves. Les maîtres n'apprécient pas.
Journal de l'année Édition 1994
Enseignement : le changement dans la difficulté Diminué par la scission de la « forteresse enseignante », le syndicalisme enseignant tarde à se donner de nouveaux statuts. Les exclus de la FEN sont les premiers à le faire en se constituant en Fédération syndicale unitaire (FSU), dont les statuts sont déposés officiellement le 15 avril sous la houlette de son premier secrétaire général, Michel Deschamps. Les héritiers de la FEN, c'est-à-dire essentiellement les membres du SNI-PEGC, n'adoptent les statuts de leur nouveau Syndicat enseignant (SE) qu'à l'issue de leur congrès de Nantes (ler-5 juin), où ils prorogent pour deux ans dans ses fonctions leur secrétaire général Jean-Claude Barbarant.
Journal de l'année Édition 1995
Éducation : de l'affrontement au consensus Inscrite dans le programme électoral de l'UPF (union UDF-RPR), qui avait remporté les élections législatives des 21 et 28 mars 1993, la réforme de la loi Falloux du 15 juin 1850 devait permettre aux collectivités locales d'accorder aux établissements d'enseignement privé une aide aux investissements et d'en fixer librement le montant. Votée définitivement le 15 décembre 1993 – ce fut la loi Bourg-Broc –, elle est aussitôt critiquée par le chef de l'État et par les élus socialistes qui la défèrent au Conseil constitutionnel. Le 13 janvier 1994, celui-ci l'invalide, son article 2 ne respectant pas le principe de l'égalité entre les citoyens. C'est une défaite pour le gouvernement, une déception pour les défenseurs de l'école privée, mais une excellente occasion pour la gauche syndicale et politique de tester sa capacité mobilisatrice ; celle-ci maintient son appel à ses sympathisants à défiler le dimanche 16 janvier 1994 dans les quartiers de la rive droite jusqu'à la place de la Nation, non plus pour obtenir l'abrogation, désormais sans objet, de la loi Bourg-Broc, mais pour assurer « l'avenir de l'école publique ». La manifestation rassemble assez de participants (260 000 selon la préfecture de police ; plus de un million selon les organisateurs) pour que ces derniers puissent croire au réveil de la gauche, 10 mois après son cuisant échec électoral.
Journal de l'année Édition 1996
Éducation François Bayrou a longtemps été un homme politique heureux. Bénéficiant de la confiance d'Édouard Balladur, qui a fait de lui un ministre de l'Éducation nationale le 30 mars 1993, il réussit si bien la rentrée scolaire de septembre 1994 qu'il devient l'un des hommes clefs de la majorité. Aussi est-il porté le 10 décembre de la même année à la présidence du CDS, qu'il entend bien transformer en un « grand mouvement politique capable de gouverner la France ». Et c'est essentiellement pour les mêmes raisons, malgré son soutien à la candidature Balladur, que non seulement il est maintenu par deux fois dans ses fonctions par Jacques Chirac et Alain Juppé le 18 mai et le 7 novembre 1995, mais qu'il voit celles-ci élargies à l'Enseignement supérieur, à la Recherche et à l'Insertion professionnelle, à charge pour lui de mettre en chantier un projet qu'il a personnellement combattu : le référendum sur l'école promis par le candidat Chirac.
Journal de l'année Édition 1997
Éducation Lorsque, le 19 novembre, le quotidien le Monde publie les résultats d'un sondage Sofres et d'une vaste consultation organisée par la F.S.U. (Fédération syndicale unitaire, regroupant le SNES et le SNUIPP, depuis la scission de la FEN en 1992), la morosité, qui semblait avoir été la tendance dominante de l'année 1996 dans l'univers éducatif français, se dissipe d'un seul coup... On y découvre que les Français sont satisfaits de leur école : 52 % estiment que l'éducation « fonctionne bien », 74 % sont contents du travail des enseignants, 56 % demandent plus de professeurs. Si l'école maternelle est plébiscitée, les collèges et les lycées suscitent quelques réserves ; quant à l'enseignement supérieur, il recueille le plus de critiques. Trois points noirs apparaissent distinctement : l'orientation (pour les enseignants, l'école doit « former la réflexion et l'esprit critique » ; pour les parents et les élèves, son rôle prioritaire est de permettre d'« accéder au monde du travail » ; bref, deux points de vue quelque peu opposés)... L'ouverture sur la vie professionnelle (82 % des enseignants et 78 % des parents jugent que l'école ne remplit pas ses missions)... La sécurité dans les établissements (pour 61% des enseignants, 51 % des élèves et 64 % des parents)... Cette exceptionnelle photographie de l'enseignement en France permet de mieux cadrer les nombreux débats qui l'agitèrent pendant toute l'année.
Journal de l'année Édition 1999
Les lycéens français veulent de meilleures conditions d'étude Parti de province début octobre, le mouvement lycéen a très vite pris une ampleur nationale. Devant la mobilisation de la jeunesse, le gouvernement reconnaît l'« urgence » d'une réforme des lycées. Dès le 21 octobre, Claude Allègre annonce un plan d'action étayé par une série de mesures à court terme. Le mouvement lycéen n'y résiste pas, mais il a sans doute durablement marqué la jeunesse.