Armée et défense
1968-1996
La reforme du service militaire, la bataille pour le sursis, la polémique sur le nucléaire et sur les armes de dissuasion, ainsi que d’autres points chauds qui ont animé les débats sur la sécurité nationale.
Journal de l'année Édition 1969
Journal de l'année Édition 1970
Armée La nomination, en juin 1969, de Michel Debré au poste de ministre d'État chargé de la Défense nationale a coïncidé avec la mise au point définitive d'une série de réformes des institutions militaires préparées par son prédécesseur, P. Messmer. Le plus attendu de ces différents projets a été, sans conteste, la réorganisation du service national, votée par l'Assemblée nationale le 10 juin 1970.
Journal de l'année Édition 1971
Armée Au début de juillet 1970, Michel Debré, ministre d'État chargé de la Défense nationale, informe les associations d'anciens militaires de carrière de sa décision de confier au général de division aérienne Becam la présidence d'un groupe de travail sur la condition des officiers. Cette enquête sera menée sur place, dans les services, les écoles et les différentes unités des trois armées, plus particulièrement auprès des jeunes officiers.
Journal de l'année Édition 1972
Armée En présidant la dernière phase des manœuvres nationales qui ont lieu à la fin de juin 1971 dans plusieurs départements du Sud-Est et en Méditerranée, Georges Pompidou s'emploie à remonter le moral des marins français, très déçus et amers sur leur avenir depuis la démission, l'année précédente, de leur chef d'état-major, l'amiral André Patou. Ce geste de confiance, le président de la République le renouvelle le 22 octobre 1971, à Brest, en visitant le premier sous-marin lance-missiles à propulsion nucléaire, le Redoutable.
Journal de l'année Édition 1973
Armée Michel Debré abandonne, le 3 avril 1973, les responsabilités de ministre d'État chargé de la Défense nationale, et dans le nouveau gouvernement que Pierre Messmer met sur pied après les élections législatives, c'est Robert Galley qui prend le titre de ministre des Armées, assisté d'un secrétaire d'État, Aymar Achille-Fould. Ce changement de titulaire est, du même coup, l'occasion d'une redistribution des responsabilités de la Défense nationale et un retour à une organisation militaire définie par l'ordonnance du 7 janvier 1959. Le rétablissement d'un ministère des Armées à vocation plus gestionnaire et le fait que le secrétariat général de la Défense nationale dépende à nouveau du Premier ministre redonnent aux conseils de défense, présidés par le chef de l'État, une influence et un rôle déterminants dans l'orientation de la politique militaire.
Journal de l'année Édition 1974
Armée En autorisant la campagne de tirs nucléaires prévue dans le Pacifique, malgré de nombreuses protestations tant en France que parmi les riverains, Georges Pompidou avait manifesté sa volonté de voir la mise au point et la modernisation de l'arsenal nucléaire demeurer un objectif prioritaire sous la Ve République. Cinq explosions (les 21 et 28 juillet, les 19, 25 et 28 août 1973) ont lieu après que les autorités françaises aient pris des mesures juridiques pour expulser, le cas échéant, des bateaux étrangers de la zone de Mururoa (Polynésie française). Pour la première fois en huit ans, depuis que des essais sont organisés sur des atolls du Pacifique, la France s'accorde le droit d'intervenir contre des bâtiments jugés contrevenants à l'intérieur d'une zone interdite.
Journal de l'année Édition 1975
Armée « Lorsque vous m'avez élu président de la République a expliqué, le 25 mars 1975, à la télévision, Valéry Giscard d'Estaing qui s'adressait aux Français, vous m'avez confié le progrès de la France, mais vous m'avez aussi confié constitutionnellement sa sécurité. J'ai réfléchi longuement à ce problème, et j'ai abouti à la conclusion qui avait été celle du général de Gaulle et qui est que la France doit disposer d'une défense indépendante. La France fait partie d'une alliance, mais elle doit assurer elle-même, de manière indépendante, sa défense. » Cette profession de foi gaulliste en matière de défense, le chef de l'État, qui est aussi le chef des armées au terme de la Constitution de 1958, la réitère, le 7 mai 1975, au camp de Mourmelon (Marne), lors d'une revue militaire organisée pour le XXXe anniversaire de la victoire de 1945.
Journal de l'année Édition 1976
Armée Deux débats importants ont occupé le devant de la scène : – les droits et les libertés des militaires, qui ont opposé, à la fin de 1975, l'opposition de gauche à la majorité, après la décision de certains appelés du 19e régiment du génie à Besançon de constituer une section syndicale ; – la conception, par Valéry Giscard d'Estaing et le chef d'état-major des armées, le général Guy Méry, d'une nouvelle stratégie de défense, qui a profondément divisé, à la fin de mai et au début de juin 1976, la majorité et, surtout, l'UDR.
Journal de l'année Édition 1977
Armée La querelle ouverte, à la fin de juin 1976, par les propos de V. Giscard d'Estaing et du chef d'état-major des armées, le général Guy Méry, sur les rapports de la stratégie française avec celle des alliés occidentaux (Journal de l'année 1976-77) s'est estompée et, paradoxalement, c'est l'opposition de gauche qui a repris à son compte une large part de la doctrine gaulliste en matière de défense, privilégiant l'arme nucléaire comme l'un des garants de l'indépendance nationale. Tant le comité directeur du PS que le comité central du PCF ont été amenés à réviser l'attitude des partis de gauche sur la dissuasion et, même, sur la place ou la durée du service militaire dans le dispositif de défense.
Journal de l'année Édition 1978
Armée Le président de la République, chef des armées, en demandant au commandement français que les forces d'intervention extérieures soient les « vedettes » du défilé militaire du 14 juillet 1977 à Paris, souhaitait ainsi mettre à l'honneur une partie des unités qui avaient apporté leur aide au Zaïre, en avril 1977, en transportant des détachements marocains.
Journal de l'année Édition 1979
Armée En décidant de présider, le 7 octobre 1978, à Brest, la traditionnelle présentation au drapeau des élèves officiers de Navale, le Premier ministre, Raymond Barre, donne le ton à ce qui a été l'essentiel des préoccupations du gouvernement français en matière de défense en 1978-1979.
Journal de l'année Édition 1980
Armée Recevant à l'Élysée, à la veille du défilé militaire du 14 juillet 1979 à Paris, des représentants des états-majors, le chef de l'État annonce qu'il a décidé de « réviser en hausse » le projet de budget de la défense pour 1980, afin de « mettre les moyens au niveau de la sécurité de la nation ». Avec cette déclaration de Valéry Giscard d'Estaing, le ton est donné à une polémique qui a duré plusieurs mois et durant laquelle des partis politiques, notamment ceux de la majorité comme le RPR de Jacques Chirac, ont réclamé un accroissement des dépenses militaires de la France face à une situation internationale dangereuse et dégradée.
Défense En dépit d'un avertissement commun de l'Union soviétique et de la République démocratique allemande lancé, le 8 octobre 1979, en direction des Occidentaux et malgré un engagement de Moscou de réduire de 20 000 hommes et de 1 000 chars, en un an, les forces de l'Armée rouge stationnées en Allemagne de l'Est, le comité des plans de défense de l'OTAN (en l'absence de toute délégation française) s'est prononcé, le 12 décembre 1979, pour l'implantation dans les pays d'Europe occidentale de nouveaux missiles nucléaires américains de moyenne portée.
Journal de l'année Édition 1981
Armée Jamais, en une année, les activités du ministère de la Défense en France et celles de l'institution militaire n'auront été autant paralysées par les changements d'hommes intervenus dans la haute hiérarchie de cette administration, soit que les événements politiques ont entraîné ces modifications, soit que des disparitions brutales de responsables ont affecté le commandement. C'est, d'abord, le poste de ministre de la Défense qui a connu quatre titulaires différents et c'est, ensuite, celui de chef d'état-major des armées qui a été attribué successivement à trois généraux en l'espace d'une douzaine de mois.
Journal de l'année Édition 1984
Armée Priorité à l'armement nucléaire et réorganisation de l'armée de terre, avec une légère diminution des effectifs militaires : telles sont les grandes lignes de la loi de programmation militaire 1984-1988 que le Parlement français adopte, lors de la session du printemps 1983, sur la proposition de Pierre Mauroy, Premier ministre, et de Charles Hernu, ministre de la Défense. Durant ces cinq années, une somme totale de 830 milliards de F (courants) sera accordée aux armées.
Journal de l'année Édition 1985
Défense Avec la manœuvre Damoclès qui a eu lieu en septembre 1984 en Haute-Marne, l'armée de terre française a cherché à illustrer sur le terrain ce qui aura été la grande affaire de l'année pour elle et, du même coup, pour la Défense nationale. À savoir, une profonde réorganisation de ses forces, imposée par un gouvernement dont les projets, en la matière, sont combattus par l'une des composantes de la majorité, le PCF.
Journal de l'année Édition 1986
France : défense Le budget de la défense demeure une priorité gouvernementale : en augmentation de 5,7 % par rapport au budget 84, le budget 85 (150,2 milliards de francs ; 15 % des dépenses de l'État) permet de poursuivre la mise en œuvre des orientations de la loi de programmation militaire 1984-1988.
Journal de l'année Édition 1988
Défense La loi de programmation des équipements militaires pour la période 1987-1991 a été adoptée le 10 avril 1987 par 536 voix contre 35 à l'Assemblée nationale, et par 301 voix contre 15 au Sénat. Portant sur 474 milliards de francs, qui seront destinés aux trois armées et à la gendarmerie, la loi est exprimée en crédit de paiement et concerne uniquement l'équipement, à l'exclusion des dépenses de fonctionnement. Elle est exprimée en francs constants. Ainsi, le montant de départ sera corrigé en fonction du taux d'inflation effectif. Le législateur a prévu également une programmation « glissante », afin de tenir compte des difficultés de prévision de l'évolution des besoins militaires et de la situation future du pays. En 1988, le texte sera actualisé pour les années 1989, 1990 et 1991. De plus, il est retenu que soient indiquées des prévisions pour les années 1992 et 1993, de manière à disposer en permanence d'un horizon de cinq ans. L'évolution des crédits d'équipements militaires proposés se traduit de cette façon : 84 127 millions de francs en 1987 ; 89 100 en 1988 ; 94 450 en 1989 ; 100 120 en 1990 et, enfin, 106 200 pour l'année 1991. Le taux de croissance annuel moyen atteint 7 p. 100. Enfin, la loi de programmation 1987-1991, à la différence des lois précédentes, n'individualise pas les engagements spécifiques à chaque matériel. Ainsi, un ajustement constant aux besoins et une répartition plus souple des moyens devraient être possibles.
Journal de l'année Édition 1989
Défense Recomposition du paysage politique oblige, les questions de défense, pourtant relativement consensuelles, n'ont pas manqué d'alimenter le débat budgétaire.
Journal de l'année Édition 1990
Journal de l'année Édition 1991
Défense Et s'il fallait reconsidérer notre outil militaire ? Cette question, les spécialistes des questions de défense la connaissent bien. Elle traverse les débats budgétaires, épouse généralement le clivage majorité-opposition pour finir épuisée par le fameux consensus sur la défense. Pourtant, cette année, les événements internationaux lui auront donné une pertinence nouvelle. La fin de la menace à l'Est et la crise du Golfe nous obligent à regarder d'un peu plus près de quoi est faite notre politique des armées. Les choix de ces trente dernières années ont été dictés par la logique de la bipolarité Est-Ouest. Les schémas tactiques, les capacités de projection, tout, jusqu'aux matériels, était prévu pour fonctionner dans le cadre d'un affrontement en Europe.
Journal de l'année Édition 1992
Défense En 1991, l'actualité de la défense a été placée sous le double signe de la détente Est-Ouest et de la tension Nord-Sud. La réunification allemande se traduira, comme l'a annoncé Pierre Joxe, ministre de la Défense, par la dissolution en deux ans de deux divisions blindées et de quatre régiments d'artillerie, dans le cadre du retrait des Forces françaises en Allemagne (FFA). Parallèlement, Français et Allemands ont présenté en octobre un projet de politique étrangère et de défense communes. Essentiellement politique, celui-ci prévoit la création d'un corps d'armée franco-allemand de 30 000 à 40 000 hommes avec un état-major basé à Strasbourg. Selon Paris, il s'agira du « noyau d'un corps européen pouvant inclure les forces d'autres États membres de l'UEO » (Union de l'Europe occidentale : les douze de la CEE moins l'Irlande, la Grèce et le Danemark). L'initiative franco-allemande ne pouvait que susciter la méfiance des États-Unis et de leurs alliés dans l'OTAN, voire l'hostilité de certains membres de l'Alliance comme l'Italie et la Grande-Bretagne dont le chef de la diplomatie, Douglas Hurd, déclarait « inutile et dangereux de dédoubler ce que fait l'OTAN en Europe ».
Journal de l'année Édition 1993
Défense : la nouvelle donne L'effondrement du bloc de l'Est et les enseignements de la guerre du Golfe n'ont pas fini de peser sur la réflexion stratégique. Et, partant, sur les grandes orientations de la politique de défense. Budgets revus à la baisse, réduction des effectifs, gel des programmes d'armements traduisent un malaise général.
Journal de l'année Édition 1994
La politique de défense Tout comme François Mitterrand avait assumé la continuité de la politique de défense du général de Gaulle – poursuivie par Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing –, le gouvernement Balladur n'entend remettre en question ni la primauté du président en matière de feu nucléaire, ni le maintien du concept de dissuasion, pas plus que le principe de la conscription. Cohabitation oblige, la défense n'a pas échappé à la tonalité consensuelle. Et il n'y a plus guère que la question de l'OTAN – y retourner ou pas – qui semble susceptible de réveiller quelques humeurs guerrières.
Journal de l'année Édition 1995
Une défense toujours consensuelle En France, on cultive l'exception militaire. C'est du moins la tonalité générale qui se dégage de la loi de programmation militaire. Il est vrai que les armées françaises ont su très habilement jouer de la cohabitation en convainquant le gouvernement que si des changements devaient intervenir, cela pouvait éventuellement concerner l'organisation des forces, mais non les fondements structurels des armées. Ainsi, l'armée de terre a réussi à ralentir sensiblement le mouvement à la baisse de ses effectifs, tandis que toutes les armées confondues sont parvenues à ce qu'aucun de leurs programmes majeurs – lancés bien avant la fin de la guerre froide pour la plupart d'entre eux – ne soit touché.
Journal de l'année Édition 1996
Défense : rude année pour la dissuasion En élisant leur président de la République, les Français ont peut-être oublié qu'ils choisissaient aussi le chef des armées. Pourtant, le premier acte présidentiel de Jacques Chirac aura été de décider la reprise des essais nucléaires. La tempête de protestations suscitée par cette annonce a certainement témoigné de l'ampleur de cet oubli. Il reste que le candidat Chirac n'avait pas caché son intention de mettre fin au moratoire sur les essais nucléaires décrété unilatéralement par François Mitterrand en 1992. Angélisme, dira-t-on, tant il est vrai que les questions militaires ont été absentes du débat préélectoral. Et sans doute aura-t-on raison. Il n'en demeure pas moins que les déflagrations atomiques, loin de circonscrire le débat aux seuls aspects techniques, ont eu l'intérêt de réactiver la pensée stratégique, quelque peu groggy depuis l'effondrement du bloc communiste. La dissuasion, comme les armes qui la servent, aurait-elle subi l'outrage du temps ?
Journal de l'année Édition 1997
Défense : vers l'armée de métier Jacques Chirac, chef des armées selon la Constitution, a tranché. À partir de janvier 1997, les jeunes Français nés après le 1er janvier 1979 ne seront plus appelés sous les drapeaux en fonction des modalités que le pays connaît depuis environ un siècle. Dès son élection à la présidence de la République, J. Chirac s'est trouvé confronté à un véritable dilemme : alors qu'il lui apparaissait capital de pouvoir disposer de moyens armés disponibles à tous moments, susceptibles d'être mobilisés pour des actions urgentes, les contraintes budgétaires imposaient que le train de vie du ministère de la Défense fût revu à la baisse. Seules deux solutions étaient envisageables : soit il était mis un terme, sans autre forme de procès, à la conscription, sur la foi d'expériences plus ou moins réussies dans d'autres pays ; soit il fallait inventer une formule de nature à renforcer la sécurité de la France sans porter atteinte à la cohésion nationale. Considérant que le service national ne répondait plus aux besoins des armées – avec la part croissante des jeunes gens exemptés du service national, ce dernier n'est plus depuis longtemps le lieu de brassage social qui était une de ses raisons d'être –, le chef de l'État et le gouvernement ont opté pour la seconde solution. Ce qui signifie que la professionnalisation des armées n'exclut pas le maintien d'un service fondé sur le volontariat de jeunes, hommes et femmes, qui pourraient occuper des fonctions de sécurité et de cohésion au sens large. Dans ce cadre, les armées devraient perdre 24 % de leurs effectifs, entre 1997 et 2002, et réduire la place accordée au contingent tout en recrutant un personnel, militaire et civil, qui corresponde aux nouveaux critères.