Journal de l'année 1er juillet - 31 décembre 1982 1982Éd. 1982

Commerce extérieur

Un déficit record

Triste record que celui de la balance des échanges extérieurs français en 1982, qui aligne un déficit, jamais encore égalé, de 93,3 milliards de F. En francs courants, c'est 43 milliards de plus qu'en 1981 et 31 milliards de plus qu'en 1980. Toutes zones — or industriel et matériel militaire compris — et en données FAB (valeur des marchandises franco à bord au point de sortie du pays exportateur à l'importation, ou du territoire national français à l'exportation), les importations s'établissent à 726,4 milliards et les exportations à 633,1 milliards de F. Le taux de couverture des premières par les secondes chute à 87,2 %.

Consommation

En 1981, les exportations s'étaient accrues davantage que les importations. C'est l'inverse en 1982 : par rapport à l'année précédente, les achats à l'extérieur augmentent en valeur de 15,8 % et les ventes de 9,8 % seulement. Ce qui signifie que les livraisons françaises en direction des marchés étrangers ont, à tout le moins, stagné en volume, sinon reculé.

Le fort développement de la consommation des ménages, surtout au premier semestre, et malgré un certain ralentissement observé dès le troisième trimestre, fait sentir ses effets sur les importations. En témoigne, dans les secteurs des produits manufacturés durables, la progression des importations, au premier chef, de voitures particulières (+ 40,4 %), puis d'électroménager et d'électronique grand public (+ 26,7 %) — groupe au sein duquel figurent les fameux magnétoscopes japonais qui vont défrayer la chronique à l'automne —, et, enfin, d'une manière plus générale, des autres biens de consommation courante, tels habillement, cuirs, meubles, etc. (+ 20,3 %).

L'augmentation des importations de biens d'équipement professionnel (où l'informatique se distingue, en raison de la composante encore active de l'investissement dans ce domaine) est également sensible (+ 22,4 %). Du côté de l'agro-alimentaire, les importations s'accroissent en valeur (+ 17,3 %), mais leur volume se stabilise plutôt.

Ce ne sont pas les approvisionnements en produits énergétiques qui accentuent le plus le déséquilibre de la balance commerciale, mais la dégradation des échanges de produits manufacturés. La demande en énergie importée est nettement orientée à la baisse. Les entrées de pétrole brut en raffineries passent, de 1981 à 1982, de 90 à 76,4 millions de tonnes, soit 15 % de moins. La note pétrolière (129 milliards de F) n'est pas plus élevée qu'en 1981 (132 milliards). Mais l'envolée des cours du dollar, monnaie de facturation des achats pétroliers, qui parvient, en novembre, à son maximum à 7,30 F, ainsi que la dépréciation du franc contrebalancent la diminution des tonnages. Le déficit de la balance énergétique d'ensemble, où le gaz naturel prend de l'importance, s'inscrit à 178 milliards de F, 16 milliards de plus qu'en 1981.

Les résultats de 1982 sont affectés par les déficits écrasants du milieu de l'année ou de la rentrée (– 11,8 milliards en juin et – 13,3 milliards de F en septembre, par exemple), liés à la forte détérioration des échanges de produits industriels avec les pays développés, où sévissent atonie économique, récession, chômage.

On assiste aussi au sérieux ralentissement de la demande émanant des pays hors OCDE, à une chute libre de la progression de la demande de produits manufacturés en provenance de l'OPEP. Et la demande des autres pays en développement et des pays de l'Est se contracte. Les pays du quart monde voient stagner ou réduire leurs recettes en devises : les cours mondiaux de matières premières qu'ils exportent sont déprimés, et les commandes des pays industrialisés faiblissent ; les pays socialistes de l'Est ne sont pas épargnés par le ralentissement de la croissance, et le poids de l'endettement leur pose d'énormes problèmes (cas de la Pologne et de la Roumanie en particulier), comme d'ailleurs, entre autres, à des pays d'Amérique latine, tels le Mexique, le Brésil.