Les industries agro-alimentaires sont pourtant considérées comme un secteur clé de l'économie nationale, ne serait-ce que par les contributions qu'elles apportent au marché de l'emploi — 500 000 salariés environ — et aux exportations. Et les pouvoirs publics manifestent, à diverses reprises, leur intention de favoriser le développement de cette branche d'activité. En lui accordant des aides à la recherche et à l'innovation et en lui facilitant son expansion sur le marché international.

Crédits

Ainsi, à la fin de septembre, la mission agro-alimentaire, chargée en mars par le ministre de la Recherche et de l'Industrie, Jean-Pierre Chevènement, d'étudier les conditions de mise en œuvre d'une politique d'innovation en amont et en aval de l'agriculture, dépose ses conclusions. Elle propose un programme de développement de la recherche qui implique l'ouverture de 600 millions de F de crédits publics en trois ans. Le gouvernement y souscrit. Et, quelques semaines plus tard, Édith Cresson présente au conseil des ministres une communication sur les orientations de la politique agro-industrielle.

Les objectifs : d'une part faciliter le développement des petites et moyennes entreprises et les aider à prendre place sur le marché européen ; d'autre part encourager la création d'entreprises orientées sur le marché international de produits de grande consommation. Pour ce faire, trois formes d'aides doivent impérativement être mises en œuvre : aides à la recherche-développement, aides à l'investissement industriel et au financement des entreprises, enfin, aides au développement international.

Conquête

À la mi-novembre, le Xe Salon international de l'alimentation de Paris est inauguré par le président de la République. Un Salon placé sous le signe de l'exportation et de la reconquête du marché intérieur et qui témoigne que, malgré la crise, les entreprises françaises ne manquent pas de dynamisme.

Ce dynamisme, les initiatives de quelques sociétés l'illustrent au cours de ces six derniers mois de 1982. Ainsi, le groupe Bongrain, spécialisé dans la production de fromages de haut de gamme, rachète à la firme suisse Hero la société de confiture lyonnaise Lenzbourg ; déjà propriétaire des confitures Lerebourg, il devient ainsi le deuxième confiturier français. Une façon de reconquérir le marché intérieur.

Dans le même temps, Générale Biscuit double l'importance de ses activités aux États-Unis et Pernod-Ricard entreprend de commercialiser outre-Atlantique des vins français de bonne qualité courante sous la marque Devereaux.

Moët-Hennessy, pour sa part, s'associe à la société horticole Georges Delbard, dont la technologie est très avancée, et prend avec elle le contrôle du deuxième producteur de rosiers américain, Armstrong Nurseries Inc : 10 millions de rosiers produits en 1982, 150 variétés de fleurs, 11 000 points de ventes, 20 % du marché de l'horticulture américain. Quatre exemples parmi d'autres, qui montrent que les entreprises françaises ne sont pas dénuées de l'esprit de conquête. Quand elles en ont les moyens.