Alors : réaliste contre idéaliste ? Des mesures interviendront qui tiendront compte des sensibilités, mais permettront un filtrage plus serré aux frontières et une protection accrue de certains édifices.

Un autre attentat va pourtant marquer la fin du mois d'août à Paris. Le 21, à midi, un colis suspect est signalé à la police. Il se trouve dans le caniveau, devant le 50 de l'avenue de La Bourdonnais. L'avenue est barrée à la circulation, deux hommes du laboratoire central de la préfecture de police arrivent, se penchent, c'est l'explosion. Bernard Le Dréan, l'un des artificiers est tué sur le coup. Son camarade, Bernard Moron, terriblement mutilé, mourra quelques jours plus tard.

Explosion

Revendiqué par Action directe, un attentat anti-israélien qui aurait pu tourner à la catastrophe a lieu le 17 septembre. Il est 15 h 25, rue Cardinet, devant le lycée Carnot. Un diplomate, membre de la mission d'achat de l'ambassade d'Israël monte dans sa voiture avec deux de ses parents. Il tourne la clé de contact et la 504 blanche saute. Dans un large périmètre les vitres volent en éclats et plusieurs classes du lycée sont endommagées. Grièvement touchés, les occupants de la voiture sont évacués et seront sauvés. Quant aux élèves du lycée Carnot, ils ont eu plus de peur que de mal. Que serait-il arrivé si l'explosion avait eu lieu à l'heure de la sortie des enfants ?

Corse

Mais Paris n'est pas le seul lieu d'élection du terrorisme. En Corse, les attentats ne se comptent plus et les nuits bleues se succèdent presque sans interruption. Les cibles sont principalement les continentaux, les foyers d'immigrés nord-africains et parfois les établissements publics. Racisme et nationalisme exacerbés se confondent, camouflant parfois des délits de droit commun. La Corse est la région française où le pourcentage d'immigrés est le plus élevé et dépasse le seuil dit de tolérance. Cette situation encourage les entreprises de racket, celles de travail noir, de proxénétisme, de trafics en tout genre, et les règlements de comptes ne peuvent être que violents. La nouvelle assemblée régionale de l'île de Beauté devra, à son ordre du jour, ne pas oublier d'inscrire l'assainissement d'un climat devenu par trop explosif.

Un certain nombre d'attentats ont aussi lieu en province, dans des villes généralement situées dans la moitié sud de la France, mais ils ne témoignent que d'une opposition politique sporadique et causent seulement des dégâts matériels. Les mouvements ou, plutôt, les groupuscules qui les revendiquent sont parfois inconnus des services de police qui ont déjà bien du mal à contrôler les organisations responsables d'attentats meurtriers. Parmi celles-ci, Action directe n'a pas fini de remuer l'opinion.

Divergences

Créée en 1979, Action directe, dont tous les militants se présentent alors comme des communistes révolutionnaires, se scinde peu à peu, par suite de divergences politiques, en plusieurs groupes opposés les uns aux autres. Au point que certains militants vont dénoncer des attentats antijuifs que d'autres ont revendiqués. Le 25 août, le JO publie le décret de dissolution d'Action directe. En septembre, deux militants sont arrêtés à Paris et un dépôt d'explosifs saisi. Quelques mois plus tôt, deux autres membres d'Action directe avaient été arrêtés, dont une jeune fille de 23 ans, Joëlle Aubron, qui sera condamnée pour participation à un hold-up.

Mais Michel Rouillan, le numéro un d'Action directe, qui avait été longuement interrogé après l'attentat de la rue des Rosiers, puis relâché, demeurera introuvable lorsqu'on voudra l'entendre sur d'autres affaires. Enfin, des organisations, qui seraient plus ou moins téléguidées par les durs d'Action directe, signent aussi des attentats terroristes. C'est le cas de l'ASALA (Armée secrète arménienne pour la libération de l'Arménie) et du groupe anarchiste Bakounine-Gdansk-Paris.

Policiers

En marge du terrorisme se développe la violence quotidienne, dont les premières victimes sont souvent les policiers. À Dijon, Marseille, Nanterre, Nantes, Bernay, Biot, Paris, Saint-Astier, Avignon, Châteauroux, gendarmes et policiers sont tués ou blessés par des malfaiteurs ou des déséquilibrés. Dans certains cas, c'est délibérément que les malfrats ont attaqué des représentants des forces de l'ordre, alors que ceux-ci ne les inquiétaient même pas.