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Presse : des procès qui n'en finissent pas

Face aux puissances financières et au pouvoir politique, la presse mène son habituel combat. Cela se traduit par diverses manifestations, et, parfois, les affaires de presse se transforment en affaires judiciaires.

Le 22 août, la Haute Autorité de la communication audiovisuelle, composée de neuf membres, présidée par Michèle Cotta, est constituée. Controversée, son action lui permettra-t-elle d'assurer à l'audiovisuel une complète indépendance vis-à-vis du gouvernement ? Ses premières interventions sont assez timides.

La sanction qui frappe Bernard Langlois, une mutation au service Société, alors qu'il présentait le journal télévisé d'Antenne 2, pour des propos jugés choquants et irrespectueux par la direction de la chaîne, lors de la disparition de Grace de Monaco, montre combien, malgré tous les changements promis, l'information à la télévision demeure conformiste.

Les attributions de fréquence aux radios libres par la commission Holleaux ne vont pas sans provoquer des mécontentements. Les créateurs d'Ici et Maintenant entament une grève de la faim qui leur vaut le soutien du ministre de la Communication, Georges Fillioud. Un accord de principe intervient entre les entreprises de presse parisienne, qui sont invitées à se regrouper sur une même fréquence.

Les interminables négociations menées entre Robert Hersant et Max Théret, ancien directeur général de la FNAC, qui détient 15 % de la société éditrice de l'hebdomadaire Investir et environ 10 % de celle qui publie le Nouveau Guide Gault et Millau, à propos de la vente de France-Soir échouent, un accord n'ayant pas été trouvé pour l'organisation de la régie publicitaire et le couplage des petites annonces avec le Figaro. Elles provoquent cependant une grande inquiétude parmi le personnel, qui organise plusieurs manifestations – notamment une occupation du ministère de la Justice pendant trois heures, le 20 juillet – avant que les ouvriers du Livre CGT soient reçus, quelques jours plus tard, par le garde des Sceaux, Robert Badinter.

Considéré comme le prête-nom de son père, Jacques Hersant, P-DG de Presse Alliance (France-Soir), est inculpé d'infraction à l'article 4 de l'ordonnance du 26 août 1944 sur l'organisation de la presse française, ainsi que seize autres personnes qui, à diverses époques, ont dirigé des journaux appartenant à Robert Hersant. Parmi elles, une dame de 89 ans, mais également André Audinot, P-DG du Figaro et président du Syndicat de la presse parisienne. Député de la Somme et, à ce titre, protégé par l'immunité parlementaire, il estime illégale cette inculpation et adresse une lettre ouverte au président de la République. L'affaire prend alors une dimension politique – la Fédération nationale de la presse demande au gouvernement de préciser sa position, et on en revient au débat de fond –, tandis que des polémiques s'élèvent entre juristes à propos de l'interprétation de la loi de 1944.

Les hommes

Henri Amouroux, codirecteur du journal Quotidien Rhône-Alpes, abandonne ses fonctions. Il en demeure, toutefois, l'un des éditorialistes. Évelyne Jean Baylet, P-DG de la Dépêche du Midi, est nommée président du Groupement des grands régionaux. André Chambraud, rédacteur en chef du Point, chargé du service politique, quitte cet hebdomadaire, où il est remplacé par Denis Jeambar. Il devient directeur de l'information à Radio-France, et son adjoint, Claude Sales, démissionne également et entre à Radio-France. Noël Copin, chef du service politique d'Antenne 2, est nommé rédacteur en chef de la Croix. Michel Doumenc, chef de rubrique, et Jacques de Bonis démissionnent de l'Humanité. Jean-François Kahn, qui a démissionné des Nouvelles littéraires en avril dernier, entre à la rédaction du Matin de Paris. Le général René Laure, P-DG de la SOPUSI, société éditrice de l'Équipe, quitte ses fonctions. Jacques Goddet devient directeur des publications du groupe. Édouard Seidler est nommé directeur de l'Équipe, l'Équipe Magazine, Vélo. Henri Pigeat est réélu P-DG de l'AFP. Jean-Noël Jeanneney, P-DG de Radio-France et André Holleaux, P-DG de FR3, entrent au conseil d'administration de l'agence. Philippe Sollers abandonne la revue littéraire Tel Quel. Il créera une revue trimestrielle : Réel.