Automobile

La course au perfectionnement technique ne se ralentit pas

Engouement populaire sans précédent, foisonnement de nouveautés pour la plupart étrangères : le 69e Salon de l'automobile de Paris a été très exactement à l'image de la situation économique – contrastée – de l'automobile française. Entre le 30 septembre et le 10 octobre, 1 080 000 visiteurs ont été accueillis porte de Versailles : ce n'est pas vraiment étonnant, car – fait devenu rarissime – quatre voitures entièrement nouvelles sont présentées en première mondiale

Vedettes

Ces quatre vedettes sont la Citroën BX, la Ford Sierra, l'Opel Corsa et l'Audi 100. Une française et trois étrangères, ce qui traduit bien le rapport des forces du moment, d'autant que la BX, que Citroën a décidé de présenter au Salon pour « occuper le terrain », a vu le jour trop tôt et ne sera disponible chez les concessionnaires qu'en très petites quantités.

En tout cas, la course à l'évolution des gammes, à la réduction des consommations, au perfectionnement technique ne se ralentit absolument pas : le Salon de Paris en apporte une preuve éclatante. Le lancement de la Corsa marque une étape importante dans l'histoire de General Motors, premier constructeur automobile du monde. Celui-ci avait toujours refusé, aux États-Unis comme en France, de se lancer dans la fabrication de petites voitures, trop peu rémunératrices. Mais la dureté des temps l'a conduit à évoluer et à créer de toutes pièces une usine, en Espagne (Saragosse), pour la seule Corsa. C'est sans doute le dernier grand investissement automobile important que l'on verra en Europe. La Corsa est destinée en priorité aux marchés latins que sont la France, l'Espagne et l'Italie. Mais la voiture, séduisante et bien dessinée, ne bénéficie d'aucune innovation marquante.

Avec la Sierra, Ford-Europe prend, en revanche, un risque esthétique important. Jusque-là plutôt traditionaliste dans la ligne de ses voitures, Ford propose, pour remplacer la Taunus, un modèle au dessin très particulier, lourd, mais qui a l'avantage de permettre une fabrication peu onéreuse. La Sierra semble plaire en dépit de sa motorisation ancienne.

L'Audi 100 ne change pas de nom, mais c'est une voiture entièrement nouvelle et qui marque une étape très significative dans l'évolution technologique de l'automobile européenne. Cette berline de grand tourisme se caractérise par un poids extrêmement faible (1 080 kg), compte tenu de ses dimensions, et par un coefficient d'aérodynamisme (CX) de 0,30. C'est le record absolu des voitures de série. Ces qualités s'accompagnent d'une consommation de carburant modérée.

Ce travail admirable est sanctionné, en fin d'année, par 52 journalistes européens, qui décernent à l'Audi 100 le titre – envié – de voiture de l'année 1983.

Nouveauté française

Citroën BX 16 TRS. Berline : 5 places, 5 portes, 1 580 cm3, traction AV, 7 CV, 90 ch (DIN) à 6 000 tr/min. Freins à disque AV et AR. Vitesse : 176 km/h. Prix : 62 200 F.

Nouveautés étrangères

Ford Sierra 1 600 GL. Berline : 5 places, 5 portes, 1 593 cm3, traction AV, 7 CV, 55 ch (DIN) à 5 300 tr/min. Freins à disque AV, à tambour AR. Vitesse : 165 km/h. Prix : 56 640 F.

Opel Corsa. Berline : 5 places, 3 portes, 1 196 cm3, version 1,2 l, traction AV, 6 CV, 54 ch (DIN) à 5 600 tr/min. Freins à disque AV, à tambour AR. Vitesse : 152 km/h. Prix : 31 000 F.

Audi 100 CD. Berline : 5 places, 4 portes, 2 144 cm3, traction AV, 9 CV, 136 ch (DIN) à 5 700 tr/min. Freins à disque AV et AR. Vitesse : 200 km/h. Prix : 109 800 F.

Limité

Du côté des constructeurs français, la seule véritable nouveauté est la Citroën BX, présentée sur un nombre trop limité de marchés en 1982 pour pouvoir prétendre au titre de voiture de l'année. Cette nouvelle Citroën, qui prend place entre la GS et la CX, bénéficie, elle aussi, de plusieurs innovations majeures. Un gain de poids important a été réalisé par l'utilisation de matériaux composites. C'est ainsi que le capot du moteur et le hayon arrière sont réalisés – pour la première fois en grande série – en matériaux plastiques. Mais la performance de Citroën est d'avoir su garder dans la BX les caractéristiques très spécifiques de la marque, alors que cette voiture est conçue sur une base (plateforme, trains avant et arrière, moteurs) commune à l'ensemble des marques du groupe Peugeot SA. La suspension hydropneumatique, en particulier, a été conservée et adaptée sur la mécanique Peugeot.