Spectacles

Musique

Une saison riche en festivals mais peu de créations

L'été 1982 a sa profusion de festivals, ce qui permet aux mélomanes, en matière d'opéra, au moins deux découvertes majeures : à Aix-en-Provence, sous la direction de John Eliot Gardiner et dans une mise en scène de Jean-Louis Martinoty, l'ultime ouvrage lyrique de Rameau. Les boréades, dont c'était la première représentation mondiale ; et à Carpentras, sous la direction de Cyril Diederich, dans une mise en scène de Guy Coutance et des costumes de Christine Marest, avec le concours d'une jeune et excellente troupe exclusivement française, Orlando Paladino de Haydn, dont c'était la première représentation en France, et une des toutes premières depuis le xviiie siècle. Après celles de Lo speziale en 1979 et de L'infedeltà delusa en 1980, ces représentations d'Orlando Paladino ont fait de Carpentras un haut lieu de l'opéra haydnien en Europe.

Les prix

À Besançon, en septembre, le Concours des jeunes chefs d'orchestre est couronné par deux premiers prix ex aequo (le Finlandais Osmo Vanska et la Japonaise Yoko Matsuo). Le 9 décembre, le grand prix musical de la Ville de Paris est attribué à Pierre Boulez. Paul Méfano reçoit, le 22 décembre, le grand prix national de la musique.

Œuvres

Aix, où Louis Erlo inaugure ses fonctions de directeur du festival, bénéficie pendant deux semaines entières de la venue de France-Musique, et présente en outre La flûte enchantée de Mozart (direction Theodor Guschlbauer), Le Turc en Italie de Rossini (direction Maurizio Arena), Dieu de Pierre Henry, ainsi que divers concerts. À Orange, le nouveau directeur, successeur de Jacques Bourgeois et de Jean Darnel, Raymond Duffaut, également directeur du théâtre d'Avignon, offre deux ouvrages très populaires de Verdi, Nabucco, La force du destin, et un récital de Teresa Berganza.

Avignon voit notamment deux spectacles de théâtre musical dus à des compositeurs contemporains, Récitations de Georges Aperghis et Temboctou de François-Bernard Mâche. Saintes se consacre aux musiques « des rhétoriques aux lumières », tandis que Vaison-la-Romaine monte Didon et Énée de Purcell, mais doit renoncer au Roi Pasteur de Mozart. Albi rend hommage, entre autres, à la Finlande, grâce au violoncelliste Arto Noras et au pianiste Eero Heinonen, et Prades entend l'Orchestre F. Liszt de Budapest ainsi que le violoncelliste américain Leonard Rose. Dans le même temps, le Festival estival de Paris fait une place spéciale au compositeur polonais, Witold Lutoslawski.

Après la rentrée, le Festival d'automne de l'Île-de-France met l'accent sur la musique viennoise de Haydn à Webern, et le Festival d'art sacré de Paris, dirigé par Stéphane Caillat, s'ouvre le 10 novembre avec le Requiem de Renaud Gagneux, pour se terminer le 23 décembre avec deux grandes œuvres rarement jouées en France, la Messe glagolitique de Janacek et le Stabat Mater de Szymanowski, dont 1982 a marqué le centenaire de la naissance.

Rencontres de Metz

Du 18 au 21 novembre, 11es Rencontres internationales de musique contemporaine de Metz, avec le concours de l'Ensemble de l'Itinéraire (direction Gianpiero Taverna), de l'Ensemble intercontemporain (direction Peter Eötvös), de l'Orchestre philharmonique de Lorraine (direction Jean-Claude Pennetier), de l'Orchestre symphonique de la radio sarroise (direction Hans Zender), en présence de Terry Riley, de La Monte Young et de Pandit Pran Nath, qui tous trois se virent consacrer un concert entier.

D'une grande quantité d'œuvres se dégagent surtout Feria de Franco Donatoni (création française), Saturne de Hugues Dufourt (créé en 1979) et L'aven de Pascal Dusapin (création mondiale). L'opéra La lune vague de René Kœring, donné en version de concert, témoigne d'un métier très sûr et d'une invention certaine, mais aussi d'une esthétique restée prisonnière de celles du Schönberg du Pierrot lunaire et du Berg des Altenberg Lieder.

Le Festival de Lille, doté d'un nouveau conseiller artistique en la personne de Luis de Pablo, successeur de Maurice Fleuret, honore spécialement les Pays-Bas et l'Angleterre. Le Festival Berlioz de Lyon et de la Côte-Saint-André présente, entre autres, Benvenuto Cellini.