Journal de l'année Édition 2004 2004Éd. 2004

Enfin, Dogville de Lars von Trier n'a pu atteindre son but. Ce cinéaste doué, qui a commencé dans le baroque (Element of Crime, 1984), a tenté divers styles. La structure théâtrale qui sous-tend Dogville ne permet pas au film de se développer et nous avons l'impression d'un vain exercice de style comme si von Trier cherchait la nouveauté technique avant de s'intéresser au propos de son film. La grande surprise nous vint en fin d'année avec Good Bye Lenin, de l'Allemand Wolfgang Becker, qui développe avec intelligence une fiction autour de la chute du mur de Berlin. Espérons que ce film remettra l'Allemagne sur le devant de la scène, une place qu'elle a perdue depuis la mort de Fassbinder, il y a une vingtaine d'années. Si 2003 n'a pas été l'année des grandes révélations, elle a consolidé, en France et aux États-Unis, le travail de quelques cinéastes confirmés. Peu de nouveaux talents sont apparus et les « enfants prodiges » d'hier – Quentin Tarantino (Kill Bill) et les frères Coen (Intolérable cruauté) – nous ont déçu. Tarantino n'arrive pas à se détacher de ses obsessions d'adolescent pour le film de genre. Ce qui fonctionnait encore il y a quelques années tourne à l'exercice de style. Quant à Intolérable cruauté, c'est une comédie sophistiquée qui aurait pu être tournée par n'importe quel artisan.

Palmarès de Cannes

– Palme d'or : Elephant (Gus Van Sant)

– Grand Prix du jury : Uzak (Nuri Bilge Ceylan, Turquie)

– Mise en scène : Gus Van Sant pour Elephant

– Actrice : Marie Josee Croze dans les Invasions barbares (Denys Arcand, Canada)

– Acteurs : Muzaffer Ozdemir, Mehmet Emin Toprak dans Uzak

– Scénario : Denys Arcand pour les Invasions barbares

– Prix du jury : À 5 heures de l'après midi (Samira Makhmalbaf, Iran)

– Caméra d'or 2003 : Reconstruction (Christoffer Boe, Danemark)

– Mention spéciale : Osama (Sedigh Barmak, Iran)