Journal de l'année Édition 2004 2004Éd. 2004

Si la discussion pointilleuse de ces détails trahissait un certain manque de confiance entre les membres de l'OMC, l'accord sur les médicaments génériques a été accueilli avec une totale méfiance par les altermondialistes, mais aussi par certaines ONG, qui redoutent d'avoir été le jouet d'une démonstration de bonnes intentions de la part de l'organisation, soucieuse de répondre à ceux qui l'accusent de servir les seuls intérêts des multinationales et des libéraux. Les détracteurs de l'OMC dénoncent l'ambiguïté juridique d'un accord dont l'application sera difficile pour des pays à faibles ressources, qui ne doivent pas s'attendre à recevoir du jour au lendemain une manne thérapeutique. Si cet accord relève d'une simple opération de relations publiques, celle-ci n'aura guère permis en tout cas à l'OMC de trouver grâce aux yeux de ses adversaires. Les réformistes de l'OMC ont voulu y voir quant à eux un encouragement à la veille des difficiles négociations de Cancún. Mais l'échec du sommet mexicain devait reléguer cet accord au rang d'un placebo, qui ne résistera pas aux profonds désaccords entre pays riches et pays pauvres sur les grands sujets litigieux.

Ulysse Garo

Des réactions contrastées

Dès la conclusion de l'accord sur les médicaments génériques, le nouveau directeur général de l'OMS, Jong Wook Lee, s'en félicitait devant un parterre de ministres de la Santé africains réunis lors d'une conférence régionale le 1er septembre à Johannesburg. « Un grand pas en avant » a-t-il dit, afin que « chaque personne qui a besoin de ces médicaments puisse y avoir accès à un prix abordable ». Le sida, la tuberculose et la malaria sont les maladies infectieuses les plus ravageuses, singulièrement en Afrique, à être concernées par cette mesure qui répond à une « question vitale de droits de l'homme », selon la ministre de la Santé sud-africaine, Manto Tshabala-Msimang. Mais pour nombre d'ONG, dont Oxfam et Médecins sans frontières, il s'agit d'un « accord diplomatique destiné à sauver la face de l'OMC », les pays censés en profiter devant « suivre un véritable parcours du combattant ».