Quant aux fans de Bertrand Cantat, les uns sont consternés : comment quelqu'un comme Cantat a-t-il pu commettre un tel acte de folie ordinaire, un acte d'autant plus impardonnable que son image a toujours été extrêmement positive ? Les autres, partagés, fustigent la part de responsabilité des médias dans la désillusion qui les touche ; ils constatent qu'entre les paroles (notamment de chansons) et les actes l'adéquation n'est bien souvent qu'un mirage. Musicalement radical, politiquement engagé et néanmoins populaire, le grand groupe de rock français des années 1990 a peu de chances de survivre à la mort de Marie Trintignant. Sauf énorme surprise, Noir Désir appartient donc désormais à l'histoire du rock'n'roll, où il conservera malgré tout une place de choix.

La réponse de Bertrand Cantat à une question posée par un magazine lituanien à Vilnius, quelques jours avant le drame, renvoie a posteriori à un gâchis exemplaire : « Qu'aimez-vous plus que la musique ? » : « Mon amour, la femme que j'aime. Rien, sinon la fille que j'aime. C'est la seule chose que j'aime plus que la musique. »

Frédéric Perroud

Noir Désir

– Début des années 1980 : le groupe Noir Désir se forme à Bordeaux, avec Bertrand Cantat (chant et guitare), Serge Teyssot-Gay (guitare), Denis Barthe (batterie) et Fred Vidalene (basse), auquel succédera Jean-Pierre Roy en 1995.
– 1989 : premier véritable album, « Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient) » étend leur audience.
– 1991 : volontairement aride, « Du ciment sous les plaines » désarçonne le public.
– 1993 : avec « Tostaki », le groupe s'impose définitivement au grand public.
– 1998 : décroche ses deux premières Victoires de la musique.
– 2001 : « Des visages, des figures » (Victoire de l'album rock) dépasse le million d'exemplaires.
– 2002 : lors des 17es Victoires de la musique, Cantat interpelle Jean-Marie Messier, patron du groupe Vivendi Universal, la maison de disques de Noir Désir.