Journal de l'année Édition 2004 2004Éd. 2004

Le 27 février, Ariel Sharon présentera à la Knesset, qui lui accordera sa confiance, un gouvernement de coalition formé, outre le Likoud, des partis d'extrême droite ultranationalistes et religieux du Parti national religieux et de l'Union nationale ainsi que du Shinouï, dont les dirigeants seront finalement revenus sur leur promesse de ne pas siéger au côté de ministres religieux.

Alain Polak

Amran Mitzna

Si l'on en croit la presse politique israélienne, Amran Mitzna n'aurait qu'un défaut, celui d'être « un type bien ». Quelqu'un qui dit ce qu'il pense et fait ce qu'il dit. Bref, tout sauf un politicien armé pour déjouer les chausse-trappes d'une élection nationale. Fils d'émigrés allemands, Amran Mitzna est né en Israël en 1945. Général de réserve aux états de service irréprochables, maire d'une grande ville du pays. Haïfa, il était toutefois inconnu du grand public quand il a pris les rênes du Parti travailliste en novembre 2002. Au passé chargé du Premier ministre sortant, il voulait opposer l'image d'un homme neuf. Mais Amran Mitzna n'a ni la rouerie, ni le charisme d'Ariel Sharon. Il s'est attiré les critiques des éléphants du Parti travailliste qui ont fustigé son manque d'expérience et il a dû affronter les railleries de la presse, qui a mis en avant son côté yekke – surnom donné aux premiers immigrés juifs allemands à la rigueur hautaine. En défendant l'ouverture inconditionnelle de discussions avec les Palestiniens et le démantèlement progressif des colonies juives à Gaza et en Cisjordanie, puis en rejetant d'avance toute participation à un gouvernement d'union nationale, Amran Mitzna a fait preuve de son engagement et de son intransigeance. Il s'est de ce fait coupé de la majorité de son électorat, plutôt centriste et prêt au compromis.