Autre pierre d'achoppement : la baisse des prix d'intervention sur les céréales et les produits laitiers, à partir desquels l'UE soutient les agriculteurs en cas de chute des cours. Pour l'orge, le maïs et le blé, ces prix resteront inchangés, mais certaines aides au stockage seront réduites de 50 % ; une réduction de 25 % des prix d'intervention sur le beurre est prévue sur quatre ans, et de 15 % sur trois ans pour le lait écrémé. Un certain nombre d'exceptions sont prévues qui, pour certaines, sont autant d'entorses à l'esprit communautaire : la Grèce obtient par exemple l'accroissement de ses quotas laitiers et le Portugal bénéficie de dérogations. C'est dans deux ans que sera dressé un état des lieux de la réforme du commissaire européen Fischler. En attendant, et dès 2007, le Conseil et la Commission discuteront chaque année de l'état des dépenses agricoles.

Céline Cabourg

Pourquoi une telle réforme ?

La politique agricole commune n'en est pas à son premier lifting depuis quarante-cinq ans. Au moment de sa création en 1957, l'objectif est d'accroître la productivité et de stabiliser les marchés. Avec, comme but ultime, l'autosuffisance d'une Europe meurtrie par la Seconde Guerre mondiale. Pour cela, la PAC bénéficie dès le début des années 1960 d'un fonds spécial pour financer les dépenses : le FEOGA, fonds spécial d'orientation et de garantie agricole qui, très vite, absorbe la majeure partie du budget communautaire. En moins de dix ans, grâce notamment à la garantie d'un prix minimal pour de nombreux produits, aux subventions aux exportations, l'Europe est parvenue à son objectif d'autosuffisance alimentaire tout en maintenant les prix agricoles. Dès les années 1970 pour le lait et 1980 pour les céréales, apparaissent les premiers effets pervers liés à la surproduction. Dans les années 1980, les quotas mis en place s'avèrent insuffisants, et, en 1992, une première réforme consistant en une première baisse des prix est entérinée, remplacée en partie par des aides directes aux agriculteurs. Déjà l'OMC fuit pression pour supprimer les subventions à l'exportation. C'est au moment du sommet de Berlin en 1999 qu'est enregistrée la première inflexion notable : avec une baisse relative du poids de la PAC dans le budget européen et un plafonnement à 43 milliards d'euros par an. Au fil des années, la PAC était devenue un gouffre qui engloutissait en 2002 43 % du budget européen.