Pierre Rival

Faut-il brûler la critique ?

Le suicide de Bernard Loiseau a fait au moins un dommage collatéral : les chroniqueurs gastronomiques. Dès l'annonce de sa mort, le chef Paul Bocuse incrimine le guide GaultMillau, dont l'édition 2003 vient d'abaisser la note du restaurant La Côte d'Or. Jacques Pourcel, président de la chambre syndicale de la haute cuisine et chef du Jardin des Sens à Montpellier, surenchérit dans une lettre circulaire à ses adhérents : « Ce sont les journalistes qui ont tué Bernard Loiseau. » Et de s'en prendre au critique François Simon du Figaro qui avait affirmé dans un article que la troisième étoile Michelin de La Côte d'Or était sur la balance. Pour protester contre ces propos, qu'il juge outranciers, un autre grand chef, Alain Ducasse, démissionne alors de la chambre syndicale. Mais son désaccord passe inaperçu. Pour l'opinion et les médias, Bernard Loiseau est mort, victime de la critique.