Finalement, au soir du second tour et le jour de son 57e anniversaire, Luiz Inacio Lula da Silva l'emporte avec 61,5 % des voix. Conscient des chantiers qui l'attendent, le nouveau président, qui sera investi en janvier 2003, a invité les Brésiliens à « construire un pays solidaire », ajoutant avec lucidité : « La partie difficile commence maintenant. » Outre le renversement de tendance sur le plan économique, les attentes de la société civile brésilienne sont nombreuses : la baisse du chômage, évalué à 7,5 % (et qui atteindrait jusqu'à 20 % en comptant le sous-emploi), source de criminalité pour les jeunes des favelas, la relance de la croissance, l'augmentation des exportations pour réduire la dépendance du pays au capital étranger, une réforme fiscale visant à redistribuer les richesses et enfin une réforme agraire pour résoudre le conflit opposant les paysans aux latifundistes, les grands propriétaires terriens. Une tâche particulièrement ardue quand on sait que Lula devra par ailleurs rassurer les marchés et honorer les engagements passés avec le FMI, comme celui de dégager un excédent budgétaire de 3,75 % du PIB pour honorer le service de la dette publique.

Céline Cabourg

Un géant aux pieds d'argile

– 170 millions d'habitants, dont 50 millions vivent au-dessous du seuil de pauvreté, 115 millions d'électeurs

– 11e économie mondiale en termes de PIB

– 1,75 % de croissance annuelle en moyenne depuis 1998

– 260 milliards de dette publique, soit 62 % du PIB

– Le flux de capitaux étrangers en direction du Brésil est passé de 43,3 milliards d'euros en 1995 (6 % du PIB) à 201,5 milliards d'euros en 1999 (21,6 % du PIB).

– 7,5 % d'inflation et un taux directeur de 18 %

– 8 milliards d'excédent commercial en 2002