Journal de l'année Édition 2003 2003Éd. 2003

La lutte antiterroriste ne sort pas grandie de cette crise. Certes, al-Qaïda est présent en Tchétchénie. Mais cela fait un siècle et demi que les Tchétchènes luttent contre les Russes. L'islamisme radical n'aurait pas trouvé un terreau fertile en Tchétchénie si Moscou n'y entretenait pas une guerre d'épuration fort éloignée de la lutte contre le terrorisme. Et les dirigeants occidentaux, qui ont félicité Poutine, portent atteinte à la crédibilité de la lutte antiterroriste en encourageant l'amalgame entre celle-ci et des conflits régionaux comme en Tchétchénie ou au Proche-Orient.

Marc Lescuriaux

Le précédent de Boudennovsk

Le 14 juin 1995, lors de la première guerre en Tchétchénie, deux cents rebelles investissent Boudennovsk, à une centaine de kilomètres en république de Russie. Dirigés par Chamil Bassaev, ils affirment vouloir obtenir l'arrêt des combats en Tchétchénie, et déclarent agir – déjà – sans l'aval du président tchétchène Djokhar Doudaev. Le commando se replie dans l'hôpital de la ville, où il retient un millier de personnes en otages. Ordonné le 17 par le président Boris Eltsine, l'assaut de l'hôpital est meurtrier – cent cinquante morts – et vain. Il suscite de vives réactions de l'opinion. Le lendemain, le gouvernement cède. Il promet l'instauration d'un cessez-le-feu, accepte l'ouverture de négociations avec les indépendantistes et met des autocars à la disposition des Tchétchènes qui regagnent leurs montagnes, emmenant des otages qu'ils relâcheront à leur arrivée. Les négociations aboutissent le 31 juillet à la conclusion d'un accord militaire. La guerre durera encore plus d'un an.