Journal de l'année Édition 2003 2003Éd. 2003

Dans le droit-fil des mesures adoptées à Rome, la conférence plénière annuelle des 300 évêques américains, réunie le 14 juin à Dallas, a entériné une nouvelle « Charte pour la protection des enfants et des jeunes ». Celle-ci impose un code de conduite sévère, sans toutefois prévoir l'exclusion systématique des prêtres pédophiles. Les prêtres délinquants, même coupables d'une faute isolée, seront passibles d'une sanction qui aura les mêmes effets que l'exclusion, sans être aussi déshonorante ni aussi complexe sur le plan institutionnel : il leur sera interdit de porter l'habit et d'exercer le moindre ministère public ou la moindre fonction pastorale les mettant en contact avec des jeunes. De leurs fonctions, ils ne conserveront donc que le titre. Leur exclusion éventuelle n'interviendra qu'au terme d'une procédure qui devra recevoir l'aval de Rome.

Cette politique qui doit être mise en œuvre dans les 195 diocèses du pays est destinée à purger les rangs du clergé sous le regard vigilant des laïques et de leur justice avec lesquels l'Église entend collaborer étroitement pour restaurer sa crédibilité. Les victimes et les parents de victimes, mais aussi les 65 millions de catholiques américains, attendent avec impatience la mise en application du document pastoral de Dallas : un précédent texte sur le même sujet, adopté en 1992, n'avait eu aucun effet.

Gari Ulubeyan

La « tolérance zéro »

Malgré les pressions de l'opinion, Rome a rejeté, dans son plan de « tolérance zéro » en six points adopté le 24 avril 2002, le principe d'une exclusion automatique d'un prêtre accusé de pédophilie, au prétexte que l'on ne peut sanctionner de la même manière les prêtres objets d'une première plainte et les récidivistes. Mais la procédure spéciale conduisant à une exclusion « entrera en jeu pour écarter du sacerdoce les prêtres ayant commis des violences sexuelles sur des mineurs, ainsi que ceux dont leur évêque considère qu'ils peuvent être un danger pour les enfants », indique le plan du Vatican. La question du célibat obligatoire des prêtres n'a pas été abordée durant les débats, les participants estimant d'ailleurs qu'« il n'y a pas de lien scientifiquement établi entre le célibat et la pédophilie ».