Sachant que la dernière tentative d'invasion réussie de l'Afghanistan était celle d'Alexandre le Grand – les Anglais au xixe siècle, puis les Soviétiques durant les années 1980 avaient échoué –, le gouvernement américain avait devant lui une tâche difficile. Le seul moyen pour capturer ou éliminer Ben Laden consistait à mettre en place un régime qui permette de réaliser cet objectif tout en s'assurant que Ben Laden ne puisse pas s'échapper à l'extérieur. C'est pourquoi il s'agissait d'éliminer les taliban et d'installer un régime « ami » à Kaboul. À cet effet, il fallait venir en aide à l'Alliance du Nord, seule option viable, malgré tous ses inconvénients, et malgré l'assassinat de son charismatique leader, le commandant Massoud, disparition qui devançait et annonçait les attentats du 11 septembre. S'il était évident que les bombardements aériens seraient insuffisants pour accomplir le premier objectif – la défaite des taliban –, il était tout aussi clair qu'une intervention terrestre serait indispensable à moyen terme. Trois options s'offraient donc à Washington : l'appui à l'Alliance du Nord, l'intervention limitée des forces spéciales, l'intervention massive de l'armée américaine (ou d'une coalition). Ces trois options se présentaient dans un certain ordre chronologique avec la volonté de ne recourir qu'aux deux premières si possible. C'est ce qui se produira dans les faits.

L'indispensable soutien du Pakistan

En pratique, les États-Unis devaient s'assurer le soutien du Pakistan, pour diverses raisons mais surtout pour obtenir l'usage de son espace aérien, vital pour permettre les sorties des aéronefs américains puisque l'Afghanistan est un pays enclavé. Bien qu'ayant soutenu les taliban, et malgré les risques d'enflammer certaines fractions de sa population, le gouvernement pakistanais se rangeait aux côtés des Américains, qui pouvaient entamer la première phase de leurs opérations militaires : la campagne aérienne destinée à couper les réseaux de communications, à affaiblir le commandement taliban, et à assurer la maîtrise de l'espace aérien. Le 8 octobre, les bombardiers américains lançaient leurs premières bombes. Une nouvelle guerre commençait en Afghanistan.