Journal de l'année Édition 2002 2002Éd. 2002

Georges Chevron

De la guerre du Golfe à l'Afghanistan

Le poids du passé militariste de l'Allemagne a longtemps pesé sur la capacité de celle-ci à jouer à l'extérieur un rôle qui soit à la mesure de sa puissance intérieure. Au début des années 50, son réarmement n'était concevable que dans le cadre de l'OTAN tant pour ses voisins que pour elle-même. Et le principe de l'emploi de la Bundeswehr dans un cadre strictement défensif faisait jusque récemment l'objet outre-Rhin d'un parfait consensus – certes plus vivace à gauche qu'à droite. Pendant longtemps, la « diplomatie du chéquier » a constitué le seul instrument de politique étrangère de l'Allemagne, jusque pendant la guerre du Golfe, en 1991. La fin de la guerre froide a toutefois modifié la donne, permettant au chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl de proposer l'envoi de forces de maintien de la paix en Yougoslavie. La contestation de cette initiative par les sociaux-démocrates devant le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe allait aboutir à une clarification souhaitable : la Cour se livrait à une interprétation extensive de la Loi fondamentale, subordonnant toutefois l'envoi de troupes à l'étranger à un vote du Bundestag. C'est ainsi qu'en 1999 l'Allemagne a participé à des missions de surveillance aérienne au-dessus du Kosovo avant d'y envoyer un contingent dans le cadre de la KFOR. En août 2001, le Bundestag a autorisé la participation de soldats allemands à la force de l'ONU déployée en Macédoine. Le 16 novembre, enfin, il a approuvé l'engagement de troupes dans le conflit afghan, hors de la zone couverte par l'OTAN.