Journal de l'année Édition 2002 2002Éd. 2002

Ce pôle chimique devait être renforcé par le rachat, fin septembre, à son concurrent franco-allemand Aventis, de sa filiale Cropscience, ce qui ferait alors de Bayer le numéro un mondial de l'agrochimie, avec un CA combiné de 7 milliards d'euros. Malgré les démentis du groupe, cette polarisation passe pour le prélude à une cession des activités santé du groupe allemand, pourtant rétif à toute association et encore moins vente de ses activités pharmaceutiques, qui attisent les convoitises (Roche, Novartis, GlaxoSmithKline, BMS, ou Aventis) dans un secteur déjà engagé sur la voie de fusions visant à créer des grands groupes spécialisés dans la chimie ou dans la pharmacie.

George Chevron

Un secteur pharmaceutique en voie de réorganisation

La crise qui a secoué Bayer rappelle à ses concurrents la nécessite de soigner sa communication et de redoubler de vigilance dans les études cliniques dites « de phase 4 » sur les effets secondaires, lorsque le médicament est déjà en vente, aussi coûteuses soient-elles. Elle montre aussi les limites de ces médicaments-vedettes, sur lesquels les groupes ont voulu appuyer leur stratégie, comme l'apprend aussi à ses dépens Pfizer, au cœur d'une polémique pour son célèbre Viagra, suspecté d'avoir causé la mort de 600 personnes, ou GlaxoSmithKline, dont l'antidépresseur Praxil aurait créé une dépendance sur 35 personnes. Cette suspicion frappant les laboratoires affecte toute une industrie accusée de ne penser qu'au profit, notamment par les pays pauvres, qui n'ont pas accès, faute de moyens, à ses médicaments pourtant essentiels pour traiter le sida.