Journal de l'année Édition 2002 2002Éd. 2002

Élue par cette même instance qui lui avait barré la route en 1999, la fille de Sukarno n'a pas d'illusions à se faire. C'est « contre » Abdurrahman Wahid que la classe politique s'est faite unanime, et non « pour » elle. Quant au ralliement de l'armée, il tient au refus que partagent les militaires et la nouvelle présidente de toute forme de séparatisme. Megawati Sukarnoputri devra non seulement restaurer la dignité de la fonction présidentielle, mais aussi tenter de contenir un Parlement fort de sa victoire, au sein duquel son parti ne dispose pas de la majorité.

Christophe Péry

Megawati Sukarnoputri

La fille de Sukarno est vénérée comme une « mère » par l'immense majorité des Indonésiens. Lors de son discours d'investiture, elle a déclaré à ses compatriotes : « Votre mère est de nouveau parmi vous », comme si la parenthèse de la présidence d'Abdurrahman Wahid ne la concernait pas, comme si le vote de juillet 2001 effaçait celui d'octobre 1999 et toute le période intermédiaire. « Mega » est entrée en politique à 40 ans, en 1987, en acceptant de représenter au Parlement le Parti démocrate indonésien (PDI) de Sujardi, l'une des trois seules formations autorisées par Suharto. En 1993, à la suite de l'éviction de Sujardi, le PDI la porte à sa présidence, la préférant aux candidats « officiels ». En 1996, les partisans de Suharto tentent de reprendre en main le PDI. Mega acquiert dès lors le statut de chefs de l'opposition. Légaliste, elle attend, après la chute de Suharto, en juin 1998, les premières élections législatives vraiment libres depuis 1955, pour faire la démonstration de sa force.