Journal de l'année Édition 2002 2002Éd. 2002

L'embargo frappant la Suède, la Finlande, le Danemark, l'Autriche, la Suisse et l'Islande est levé, même si les produits en provenance de la Grande-Bretagne, de l'Irlande, des Pays-Bas et de la France sont toujours tenus pour suspects. Et, le 22 mai, la Commission européenne appelle à lever l'embargo frappant les produits en provenance de l'UE, affirmant que l'épidémie de fièvre aphteuse est « sous contrôle ». Mais le prix est lourd à payer, surtout pour la Grande-Bretagne, dont l'élevage est un champ de ruines : l'épidémie a infecté près de 1 700 troupeaux et provoqué l'abattage de plus de 3 millions de bêtes, privant de leur cheptel près de 8 000 fermes. Le tourisme rural a été particulièrement affecté par l'épizootie, détournant les amateurs de verdure des zones contaminées.

Si au niveau national, avec 3 % des exploitations touchées, les pertes sont évaluées seulement à 0,2 % du PNB et si les incidences sur la croissance économique sont moins graves que prévu, le coup est dur pour l'agriculture britannique et pour l'image de marque du pays, dont la gestion de l'épidémie a montré l'incurie des pouvoirs publics, trop lents à mettre en branle des vétérinaires aux effectifs trop limités, et qui ne se sont rendu compte qu'en avril que les charniers dressés pour incinérer des centaines de milliers de bêtes dégageaient des fumées de dioxines cancérigènes...

Gari Ulubeyan

La PAC fragilisée

En Grande-Bretagne, le ministère de l'Agriculture pourrait bien ne pas survivre à l'épidémie de fièvre aphteuse, et il est question de le restructurer avant même la réélection de Tony Blair le 7 juin. Le 9 janvier, le ministre allemand de l'Agriculture démissionnait pour négligences dans la gestion de la crise de la vache folle. En France, le ministère de l'Agriculture est dans le collimateur pour les mêmes raisons, ce qui lui vaut le 17 mai un rapport sévère du Sénat. Au-delà, c'est la politique agricole commune (PAC) qui risque d'être affectée par ces crises posant la question de son orientation et de son financement et qui semblent préparer le terrain déjà sensible de l'agriculture européenne à une réforme radicale avant 2006, comme le réclame Paris. Quoi qu'il en soit un réexamen de la logique d'une agriculture productiviste et intensive paraît inéluctable à la fin de 2002.