Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

ONU : un sommet pour le nouveau millénaire

Plus de 150 dirigeants de la planète étaient réunis à New York du 6 au 8 septembre, pour le sommet du Millénaire de l'Organisation des Nations unies. Trois jours durant lesquels il a notamment été question de lutte contre la pauvreté, priorité fixée par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan.

Cela faisait trois ans qu'il rêvait de ce sommet. Kofi Annan peut être satisfait. Il a réussi son pari en réunissant à New York, du 6 au 8 septembre, 152 chefs d'État venus du monde entier pour plancher sur le rôle de l'ONU au xxie siècle. Au final, un rapport et un objectif principal : la lune contre la pauvreté. « Nous pensons que le défi majeur auquel nous sommes confrontés aujourd'hui est de s'assurer que la mondialisation devient une force positive pour tous les peuples du monde. Alors que la mondialisation offre de grandes opportunités, ses bénéfices autant que ses coûts sont actuellement inégalement répartis », constate Kofi Annan dans la déclaration finale. En clair, le secrétaire général a souhaité rappeler aux participants que le fossé entre les pays riches et les pays pauvres continuait de se creuser.

Pour essayer de le combler, la déclaration finale prévoit notamment « de réduire de moitié d'ici à 2015 la proportion de la population mondiale dont le revenu est inférieur à un dollar par jour, celle des personnes qui souffrent de la faim ». À cela s'ajoute l'obligation des pays, tous signataires, de « stopper la propagation du virus du sida » ou encore de « maîtriser le fléau du paludisme ». La situation de l'Afrique subsaharienne a par ailleurs été largement évoquée. Tous les dirigeants présents ont estimé que cette partie du globe devait faire l'objet d'une aide économique et humanitaire conséquente.

Le poids de la dette

Kofi Annan veut se donner les moyens d'arriver à ses fins. Il souhaite surveiller attentivement l'application par tous de cette déclaration finale, quitte à montrer du doigt les pays qui traînent des pieds. « Le fait de braquer un projecteur sur qui fait quoi ou ne fait rien peut nous aider à aller de l'avant », a estimé celui que certains qualifient de « doux rêveur ».

Face à ce programme jugé très ambitieux, mais adopté dans un climat de convergence, le président nigérian Olusegun Obasanjo s'est tout de même empressé de rappeler qu'il fallait dans un premier temps annuler la dette des pays les plus pauvres. Le message a été apparemment entendu par le secrétaire général de l'ONU, qui, pour sa part, a demandé aux créanciers d'accélérer la procédure de réduction de la dette des pays pauvres. Dernier volet enfin, le rôle de l'ONU dans ses missions de maintien de la paix et de règlement des conflits. Tous les dirigeants de la planète ont estimé que, sur ce point, il était absolument nécessaire de renforcer l'ONU en personnel compétent pour ce type d'opérations. La crédibilité de l'ONU quant à la réalisation de ces grands projets pour les prochaines années est dès maintenant en jeu. Paradoxe, le jour même de la clôture de ce sommet, à l'autre bout de la planète, l'ONU évacuait en catastrophe le Timor-Occidental sous la pression et la violence des miliciens...

G. Q.

En marge du sommet

Un sommet de l'ONU est en général ponctué de moments forts, de faits marquants ou décevants. Geste inattendu et historique, par exemple, la poignée de main entre Fidel Castro et Bill Clinton. Il s'agissait là du premier face-à-face entre le président cubain et un président américain depuis quarante ans. Déception en revanche en ce qui concerne le Proche-Orient. Le sommet du millénaire aurait pu être l'occasion de rencontres bilatérales fructueuses entre le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, et le Premier ministre israélien, Ehoud Barak. Même si ce dernier a reconnu pour la première fois en public que Jérusalem était un lieu également sacré pour le peuple palestinien, aucune avancée sur la question n'a eu lieu. Déception toujours avec le discours aux relents de guerre froide du nouveau président russe, Vladimir Poutine, discours axé principalement sur des questions de désarmement et sur la place de la Russie sur la scène internationale.