Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

Nasdaq : partie de « e-yo-yo » à Washington

Depuis l'effondrement des cours du Nasdaq en mars 2000, les « e-traders » ne savent plus à quel saint se vouer. Les fluctuations du marché boursier dédié aux sociétés de la nouvelle économie sont imprévisibles.

Qu'est-ce qui fait grimper le Nasdaq ? Après vingt-huit années d'activités, 1999 est celle de tous les records. L'indice boursier des nouvelles technologies et de l'Internet, basé à Washington, gagne 84 % en un an, plus forte hausse pour une cotation américaine depuis 1915. L'ascension se poursuit et, le 10 mars 2000, le Nasdaq (National Association of Securities Dealers Automated Quotations) atteint son zénith, franchissant la barre des 5 000 points. Une semaine plus tard, c'est la douche froide. Le Nasdaq perd 4 % de sa valeur en une séance, puis se désagrège peu à peu au cours du mois de mars. Le 3 avril, la condamnation de Microsoft pour abus de position dominante provoque un nouvel effondrement. Le niveau plancher, autour de 3 000 points, est atteint au début du mois de juin. Un an et demi de gains sont partis en fumée.

Accueillir des start-up

Une telle volatilité s'explique. Bien sûr, l'indice est structuré par quelques valeurs phares comme Microsoft, Cisco, Oracle ou Dell, qui ont progressé de 2 010 % en cinq ans et représentent 55 % de la capitalisation boursière. Mais « le Nasdaq, explique son président John Hilley, garde pour vocation d'accueillir des start-up ». Pour qu'une société soit cotée, nul besoin de faire des bénéfices ni d'atteindre un chiffre d'affaires minimal. Il suffit de présenter un actif net de 4 millions de dollars, ce qui facilite l'accès aux sociétés jeunes, pourvu qu'elles soient porteuses d'un projet original.

Les investisseurs sont friands de ces opportunités. Parmi les quelque 5 000 sociétés cotées, ils recherchent celles qui sauront s'imposer dans le monde toujours fluctuant des nouvelles technologies. La prise de risques est maximale sur un marché où, toutes les semaines, de nouvelles compagnies voient leurs actions s'envoler sans garantie de succès commercial. « Dans le monde de la nouvelle économie, explique la chercheuse Seema Williams, la valeur d'une entreprise dépend de l'idée qu'elle a eue et de la vitesse à laquelle elle la met en place ». Avec la même célérité, les « traders » passent des ordres pour traquer la perle rare. Les volumes échangés sont énormes : deux fois supérieurs, en rythme mensuel, à ceux du « New York Stock Exchange » de Wall Street, alors que la capitalisation boursière du Nasdaq est deux fois moindre. « La difficulté, poursuit Seema Williams, c'est que personne ne peut savoir si les nouveaux concepts ne seront pas très vite dépassés. » De nombreuses start-up du Nasdaq sont contraintes de jeter l'éponge au bout de quelques mois, entraînant à la baisse un marché qui enregistre une faillite par semaine depuis mai 2000.

Toutefois, le calme semble aujourd'hui revenu sur la foire d'empoigne high-tech. L'indice a regagné un peu du terrain qu'il avait perdu au printemps, retrouvant son niveau de décembre 1999. Depuis avril, le Nasdaq envisage même de se constituer en société commerciale afin de lever des fonds sur les marchés boursiers. Mais on ignore encore celui qui sera assez juteux pour répondre à ses besoins de financement. Peut-être le Nasdaq... ?

B. B.

Un initié virtuel

Le 25 août 2000 au matin, Mark Jakob publie sur Internet un faux communiqué de presse annonçant des résultats catastrophiques pour la société Emulex, ainsi que la démission de son président. En une demi-heure, l'action perd 60 % de sa valeur. Jakob achète. En début d'après-midi, le patron d'Emulex publie un démenti. L'action regagne son cours du matin, et Jakob empoche une plus-value de 236 000 dollars. La Securities and exchange commission découvre l'entourloupe deux semaines plus tard. Jakob encourt une amende de 500 000 dollars, mais l'affaire révèle à quel point la volatilité du Nasdaq tient aussi au comportement grégaire des traders.