Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

Dans les deux derniers cas, ceux où les hackers sont des professionnels qu'on ne saurait démasquer de sitôt, les conséquences pour Microsoft sont extrêmement lourdes. Les pirates auront un accès de plus en plus généralisé aux informations véhiculées sur ses réseaux. Ce qui signifie, à terme, la possibilité de lire un nombre croissant de codes-sources. Il faudra que la firme de Redmond réinvente complètement sa gamme de logiciels ou modifie radicalement sa stratégie. S'alignant sur le mouvement en faveur du logiciel libre qui s'appuie sur des programmes comme JavaOS ou Linux, Microsoft devra alors abandonner son option de conservation jalouse des codes-sources. Une véritable révolution sur le marché jusqu'alors très concentré des applications informatiques.

Mais, plus fondamentalement, une question demeure : comment une société spécialisée dans la production et la commercialisation de logiciels et qui, de plus, dispose de moyens techniques et financiers aussi considérables que Microsoft a-t-elle pu se faire piéger par une opération de piratage informatique utilisant un virus identifié depuis plus de trois mois ? C'est qu'en matière de nouvelles technologies les passerelles sont innombrables, relativement faciles à créer de surcroît.

Au cours de la seule année 2000, des sites aussi sécurisés que celui de Tsahal (l'armée israélienne), du Parti républicain américain ou des bases de données personnelles du ministère français de l'Intérieur ont été piratés. Ce qui laisse rêveur et qui préfigure surtout l'ampleur des efforts à accomplir pour relever un défi majeur : assurer, après la sécurité des biens et des personnes dans l'ancienne économie, celle de l'information dans la nouvelle économie.

Benjamin Bibas

W32/QAZ, un « Cheval de Troie » venu de Chine

Le virus W32/QAZ, probablement utilisé pour pirater le réseau informatique de Microsoft, est un représentant de la famille « Cheval de Troie » qui agit via Internet. Dissimulé dans le fichier joint d'un courrier électronique envoyé à l'un quelconque des employés de Microsoft, le virus s'attaque à notepad.exe, logiciel mineur qui sert de bloc-notes sur les ordinateurs fonctionnant sous Windows. Une fois introduit dans une machine, il peut se reproduire, infecter d'autres ordinateurs du réseau et renvoyer des messages contenant des informations puisées sur le réseau infecté à un destinataire pré-programmé.

Identifié dès le 16 juillet, QAZ aurait fait sa première apparition en Chine. Déjà bien connu à la mi-octobre, époque où le piratage a commencé selon les porte-parole de Microsoft, il a été désamorcé en quelques heures dès que les experts de la firme ont commencé leur travail de détection. Bref, un abordage informatique relativement facile à repousser. Du moins lorsqu'on s'y prend à temps...