Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

De l'avis des commentateurs, le vote des Libanais exprime à la fois un ras-le-bol face à la situation économique désastreuse du pays (taux de chômage de 20 %, dette de 24 milliards de dollars représentant 140 % du PIB, 28 % de la population active en dessous du seuil de pauvreté) et une protestation contre la présence des 35 000 Syriens, pivot de la tutelle exercée tant sur le Parlement que sur le gouvernement. Sur ce thème, R. Hariri reste assez discret. Sa priorité semble être le retour à la croissance, la relance de l'activité et la hausse du PNB. Il se contente de rappeler qu'il est un proche du président syrien et en appelle à des relations meilleures avec Damas. Tout repose désormais entre les mains de Bachar el-Assad, premier test délicat depuis son entrée en fonctions.

Céline Cabourg

Rafic Hariri

Né à Saïda, fils d'un ouvrier agricole, Rafic Hariri, âgé de cinquante-cinq ans, part tenter sa chance à dix-huit ans en Arabie saoudite. En 1977, il construit en six mois, à la demande du roi Khaled, un palais à Taëf grâce à la société Oger, une filiale d'un groupe français qu'il achète par la suite pour fonder sa fortune, laquelle est aujourd'hui estimée à une dizaine de milliards de dollars. En 1978, il acquiert la nationalité saoudienne et investit beaucoup dans les médias, l'immobilier, le pétrole, la téléphonie mobile et l'industrie. Premier ministre de 1992 à 1998, il est chargé de gérer un programme de reconstruction du Liban rendu nécessaire par la guerre civile. Pour cela, il met en place une société dont il est actionnaire, Solidere. Ses détracteurs lui reprochent alors d'aggraver le surendettement et de nourrir la corruption, mais ses partisans voient déjà en lui le sauveur, à l'origine de la réhabilitation des infrastructures de Beyrouth. Tout le monde s'accorde sur son charisme, qui lui vaut l'inimitié du président Lahoud, lequel le pousse vers la sortie en 1998.