Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

Le bilan immédiat de l'opération est difficile à établir. Une semaine après le retrait, le contexte reste très tendu et des heurts violents interviennent à la frontière, devenue pour les Libanais un véritable lieu de pèlerinage. Partout dans la presse internationale, le Hezbollah apparaît comme le grand vainqueur qui a réussi sans verser le sang à faire plier « le militaire le plus décoré d'Israël » et peut ainsi asseoir sa position politique en augmentant le nombre de ses sièges au Parlement (9 actuellement). Le chef Cheikh Hassan Nasrallah insiste lourdement : « L'ère des défaites des Arabes est terminée [...] pour les sionistes, l'ère des victoires factices est finie. » Comme l'écrit en titre le journal Libération le 24 mai, le « Hezbollah est désormais seul en lice », signifiant par là que l'État libanais lui-même s'est laissé dépasser. D'ailleurs, devant le refus du Liban de déployer son armée sur place, les premières interrogations apparaissent. S'agit-il d'une décision provisoire dans l'attente du déploiement des troupes des Nations unies ou est-ce un moyen de négocier une vraie paix incluant la restitution des territoires de Chebaa ?, interroge une journaliste du Monde.

Une question se pose immanquablement : que va faire Damas ? La Syrie avait pris l'habitude de ranimer les tensions dans la zone pour faire pression sur Israël afin que l'État hébreu se retire du Golan, désormais elle doit changer de stratégie et justifier la présence de ses propres hommes sur le territoire libanais. On sait que le président Jacques Chirac a invité la Syrie à éviter « toute provocation » et que le premier israélien a prévenu qu'il riposterait avec « la plus grande vigueur » en cas d'attaque. Pour le reste, entre provocation et négociation d'une paix réelle, bon nombre d'incertitudes demeurent.

Autre conséquence directe de la précipitation, l'ONU, prise de cours, s'empresse de faire savoir par la voix de son secrétaire général Kofi Annan qu'en aucun cas elle ne servira de « punching-ball ». L'organisation s'en tient à un unique mot d'ordre : la prudence. Conformément à son mandat, elle certifie le retrait, le vendredi 16 juin, et annonce le redéploiement de la FINUL et son éventuel renforcement. Le rôle de cette dernière est défini dans la résolution 425 : aider le gouvernement libanais à restaurer son autorité effective. Après avoir condamné les infractions commises par Israël lors du retrait, le Liban accepte finalement « la ligne bleue », qui reprend le tracé de la frontière internationale de 1923, décidé par les deux puissances tutélaires, la France pour le Liban, la Grande-Bretagne pour la Palestine.

Céline Cabourg

Les principaux protagonistes

– ALS : Armée du Liban-Sud, créée en 1976 et dirigée depuis 1984 par Antoine Lahad. C'est cette milice de 2 500 hommes (70 % des miliciens sont chiites, 17 % druzes et 3 % sunnites), armée et financée par Tsahal qui contrôlait le Sud-Liban pour Israël.

– Hezbollah : mouvement chiite, créé en 1982 à Baalbek, à la suite de l'invasion du Liban par Israël. Solidement implanté au Sud-Liban depuis 1985, ce mouvement, armé par l'Iran et soutenu par la Syrie a fait de la lutte contre Israël son principal mot d'ordre.