Itinéraire brésilien 2000

La découverte du Brésil est-elle achevée ? Les images nocturnes, transmises par le satellite sino-brésilien Cibers depuis sa mise en orbite en 1999, permettent d'en douter. N'ont-elles pas révélé, au grand étonnement des chercheurs du Centre d'observation par satellite de l'institut de recherche agricole, l'existence en Amazonie de plusieurs centaines de villages totalement ignorés des autorités brésiliennes.

Cinq siècles après sa découverte par les Portugais, ce pays aux dimensions d'un continent n'a toujours pas fini de se découvrir, de s'étonner lui-même et de surprendre ses visiteurs. À moins d'en repartir vite, à l'instar de Cabral, le visiteur, lui, n'en reviendra jamais tout à fait, que ce soit d'un périple amazonien ou d'un séjour à Salvador de Bahia, à Rio de Janeiro ou à Brasília.

Le périple de Francisco de Orellana

Avant 1542, aucun Européen n'avait descendu ni remonté le cours du fleuve le plus long du monde. Ce mérite revenait à cette époque aux seuls Indiens qui habitaient en lisière de la forêt. L'embouchure du fleuve avait toutefois été découverte en 1500 par un navigateur espagnol, Vincente Yamez Pinzón. Celui-ci ne s'était pas aventuré vers l'intérieur des terres noyées sous l'abondante forêt. C'est cependant un de ses compatriotes qui réalisera l'exploit de descendre la totalité du cours de l'Amazone quarante ans plus tard.

Parti de la ville inca de Quito le jour de Noël 1539 à la tête d'une petite troupe de deux cents hommes, Francisco de Orellana, un conquistador compagnon des frères Pizarre, n'obéissait à ce moment qu'au désir d'atteindre le légendaire pays de l'or, l'Eldorado, situé, croyait-il, de l'autre côté de la cordillère des Andes. Arrivé avec ses hommes au confluent du Napo et de l'Amazone, il n'imaginait pas que, en faisant construire des radeaux pour se laisser dériver en aval du fleuve, il s'apprêtait à accomplir un périple fluvial aussi long que la distance qui sépare aujourd'hui Paris de New York.

À bord de ces embarcations de fortune, Orellana n'engagea dans l'aventure que cinquante hommes, laissant les autres bivouaquer auprès du confluent avant de regagner Quito. Huit mois plus tard, il atteignit la côte de l'océan Atlantique, un certain jour de juin 1542. Ayant essuyé à plusieurs reprises les tirs fournis des Indiens Cumuris, indigènes imberbes, Orellana a cru qu'il avait été attaqué par des femmes armées d'arcs et de flèches, aussi a-t-il baptisé le fleuve, qu'il venait de parcourir d'ouest en est, du nom des célèbres guerrières de la mythologie grecque.

Le poumon du monde

Le bassin de l'Amazone est le plus vaste du monde. Il couvre une superficie de six millions de kilomètres carrés et contient le cinquième de l'eau douce disponible à la surface du globe. Le fleuve des Amazones d'Orellana prend sa source au Pérou, dans la cordillère des Andes, et ne possède pas moins de 1 100 affluents. À ce jour, les géographes lui attribuent deux branches mères, le Marañon et l'Ucayali, dont les vallées, situées toutes deux au Pérou, se rejoignent en amont de la ville d'Iquitos pour nourrir le fleuve à la fonte des neiges andines.

Le mystère des sources de l'Amazone n'a pas encore été percé. Deux écoles d'hydrographes s'affrontent à ce sujet. Une prétend que le fleuve prend sa source à quelque 6 000 m d'altitude dans le Nevado Yerupaja et fait du Marañon le cours supérieur de l'Amazone. L'autre assure que le fleuve a sa source dans la cordillère de Chilca, aux confins de l'Apurimac – l'Apurimac et l'Ucayali formant alors son cours supérieur à travers les Andes orientales péruviennes. Dans le premier cas, notre fleuve mesure prés de 6 400 km et vient après le Nil ; dans le deuxième cas, il s'étend sur 7 025 km et devance le Nil.

La plus grande partie de son cours arrose les régions septentrionales du Brésil, traversant d'ouest en est, sous l'équateur et quasi parallèle à lui, les États de la fédération les moins peuplés d'Amazonas et du Pará. Son bassin est recouvert par une épaisse couverture végétale, une immense forêt primitive équatoriale, considérée par les milieux écologistes comme le principal poumon de la planète à cause de sa production d'oxygène.