Meilleure comédienne dans un second rôle : Dominique Blanchar (les Femmes savantes de Molière)

Meilleur comédien dans un second rôle : Marcel Cuvelier (Mon père avait raison de Sacha Guitry)

Révélation féminine : Irina Brook, metteuse en scène, pour Résonances de Katherine Burger

Révélation masculine : Christian Hecq, comédien pour La main passe de Feydeau

Meilleur auteur : Dario Fo (Mort accidentelle d'un anarchiste)

Meilleure pièce comique : Mort accidentelle d'un anarchiste

Meilleur adaptateur d'une pièce étrangère : Valéria Tasca (Mort accidentelle d'un anarchiste)

Meilleure pièce musicale : Peines de cœur d'une chatte française par le groupe TSE

Meilleur one-man-show : Arturo Brachetti (l'Homme aux mille visages)

Meilleure création de costumes : Chloé Obolenski (Peines de cœur d'une chatte française)

Meilleur décorateur : Guy-Claude François (Tambours sur la digue)

Meilleure lumière : Jacques Rouveyrollis (À torts et à raisons)

Un nouveau ministre pour le théâtre

Ce mouvement ministériel n'a rien d'anecdotique. Ex-bras droit de Patrice Chéreau lorsqu'il dirigeait le Théâtre des Amandiers de Nanterre, Catherine Tasca est connue et respectée dans tout le monde du théâtre. Son arrivée rue de Valois est considérée pour beaucoup comme le signe de la relance prochaine d'une politique à long terme. Concrètement, des mesures ont déjà été prises en ce qui concerne les institutions subventionnées par l'État. Ariel Goldenberg, jusqu'alors directeur de la Maison de la culture de Bobigny, a été nommé aux commandes du Théâtre national de Chaillot, en remplacement de Jérôme Savary installé, pour sa part, à la tête de l'Opéra-Comique, à Paris, après la réussite de sa très belle Irma la Douce. Robert Cantarella a pris la direction du Centre dramatique national de Dijon. L'interminable feuilleton qui durait depuis plusieurs années à propos de la succession de Roger Planchon, maître du TNP à Villeurbanne, s'est enfin achevé avec l'annonce d'un nouveau directeur qui doit prendre ses fonctions le 1er septembre 2001, Christian Schiaretti, actuellement directeur du Centre dramatique national de Reims. Ces décisions n'ont rien de formel. Elles sont les garantes de la remise en marche d'une machine théâtrale qui avait tendance à se gripper.

Le triomphe de Planchon

Cela posé, si l'on s'en tient aux « choses vues » dans les salles, ce sont bien les « anciens » qui, cette année, auront créé l'événement. À commencer par Roger Planchon, justement, véritable « pape » du théâtre en France et pionnier de la décentralisation (c'était au tout début des années 50, au Théâtre des Marronniers, à Lyon). Installé depuis plus de trente ans à Villeurbanne, où il a hérité, en 1972, du sigle « TNP », il a prouvé, en trois créations, que c'était aller un peu vite que de l'enterrer déjà. La première création est une nouvelle mise en scène magistrale de l'Avare qui devrait faire référence. Retrouvant sa vigueur des années 60, c'est un regard aussi original que juste qu'il a offert de ce « classique ». Fi de la tradition comme de la convention ! Sous sa gouverne, l'œuvre s'est révélée d'une violence terrible et tragique, même si l'on riait, mais d'un rire jaune. Harpagon n'est plus simplement un grippe-sou amoureux sur le tard, c'est un personnage plus contemporain et plus complexe, qui terrifie, qui touche, qui émeut. Moins « avare » qu'âpre au gain, capitaine d'industrie autant qu'homme de finance et de pouvoir, il tente, au soir de sa vie, d'obtenir la seule chose qu'il n'a jamais eue et qui ne s'achète pas : l'amour sincère d'une jeune femme qui lui dira qu'il est beau, séduisant, désirable... Interprète d'Harpagon dans le bonheur d'un jeu pétillant, Planchon se montre fabuleux. Acteur, metteur en scène mais aussi adaptateur, il a créé ensuite au Centre dramatique de Loire-Atlantique, à Nantes, un montage de courtes pièces de Tchekhov réunies sous le titre de l'une d'entre elles, le Chant du cygne. Il s'y est livré tel que lui-même dans le rôle d'un vieil acteur au soir de sa vie. Enfin, Planchon a rappelé qu'il était un auteur avec la reprise, au Théâtre national de la Colline à Paris, du Cochon noir, une pièce qu'il a écrite dans les années 70 traitant du bien et du mal sur fond de France des campagnes et des sorciers, à l'heure de la Commune de Paris.

Régy, Lavaudant et les autres...

Découvreur, en France, de Marguerite Duras, des Anglais Pinter, Stoppard, Wesker, Motton, de l'Allemand Peter Handke avec la création de la Chevauchée sur le lac de Constance qui fit scandale en 1974 malgré une distribution exceptionnelle réunissant Jeanne Moreau, Michaël Lonsdale, Gérard Depardieu..., Claude Régy n'a cessé de poursuivre son travail de mise au jour d'écritures inédites avec, au Théâtre des Amandiers de Nanterre, la révélation de Quelqu'un va venir du Norvégien Jon Fosse puis des Couteaux dans les poules de l'Écossais David Harrower, deux œuvres profondes et graves, à l'écriture forte, âpre, serrée, traitant de l'homme et de la mort sous le signe toujours présent de la Bible. À son habitude, Claude Régy en a signé des mises en scène ascétiques dans des espaces à chaque fois d'un dénuement extrême, laissant toute la place au jeu tendu des acteurs, Jean-Quentin Châtelain dans la première, Marcial Di Fonzo Bo et Yann Boudaud dans la seconde, et Valérie Dréville dans les deux pièces... Le divertissement n'était pas de mise ici. L'ellipse était de rigueur. Il ne s'agissait pas d'illustrer ce qui était dit mais, pour citer Régy lui-même, « de faire entendre non ce qui est écrit, mais ce qui ne l'est pas », sachant que « ce qui n'est pas écrit est justement transmis par ce qui l'est ».